Mondes arctiques, fond de carte muet en projection polaire

Les mondes arctiques sont au centre de plusieurs enjeux. Cette notion d’enjeu est difficile à comprendre pour les élèves, alors qu’elle est mobilisée de façon permanente par les discours scientifiques, dans les manuels, et les documents. Il s’agit tout simplement d’analyser ce qui est « en jeu » : ce qu’il y a à gagner et ce qu’il y a à perdre. Analyser les enjeux c’est analyser les perdants et les gagnants (les peuples premiers ? Les entreprises pétrolières et de transport ?) et ce qu’il y a à gagner ou à perdre collectivement pour l’humanité, c’est-à-dire les défis à relever, économiques, sociaux, et environnementaux. L’Arctique est une bonne clé pour comprendre le principe du développement durable (penser global, agir local) et pour montrer que les impacts du réchauffement climatique ne sont pas négatifs pour tout le monde. Ce chapitre offre un bon entraînement au croquis de synthèse du baccalauréat parce qu’il est le seul du programme à ne pas porter sur l’échelle mondiale, difficile à mettre en cartes. Avec l’Arctique au contraire, la relative unité de lieu facilite les typologies, et cela permet également de se familiariser avec une projection polaire. Pour croquis de synthèse classe de 2nde

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Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.

Italie carte qualité de vieItalie carte ensoleillementOn associe, souvent de manière systématique, l’ensoleillement à la qualité de vie. La notion de sun belt, à ce titre, est l’un des concepts les plus durablement ancrés dans la géographie scolaire des États-Unis. La sun belt est inventé par le journaliste K. P. Phillips en 1969 pour expliquer… le vote républicain !1Pour le journaliste, la croissance des espaces périphériques ensoleillés explique en partie la victoire de Nixon. Lire à ce sujet cet excellent article : Marielle Wastable, « La notion de belt dans la géographie scolaire française des Etats-Unis », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Epistémologie, Histoire de la Géographie, Didactique, document 495, mis en ligne le 14 avril 2010, consulté le 27 juin 2013. URL : http://cybergeo.revues.org/23009 Aujourd’hui, elle désigne des espaces du sud et de l’ouest des États-Unis ayant une forte attractivité. Elle est liée tout naturellement à la notion d’héliotropisme, l’attractivité pour les espaces ensoleillés. La notion est cependant nuancée : Seattle est placé dans cette ceinture ensoleillée, alors que le climat y est notoirement brumeux et pluvieux. Cette sun belt finit même par être appliquée à la France : les régions de la façade atlantique jusqu’au midi méditerranéen sont plus attractives pour les activités et la population que les anciens espaces industriels et les espaces ruraux sur l’intérieur. L’héliotropisme est, là encore, présenté comme une composante de cette attractivité, et tant pis pour le crachin breton. Lire la suite

Notes

Notes
1 Pour le journaliste, la croissance des espaces périphériques ensoleillés explique en partie la victoire de Nixon. Lire à ce sujet cet excellent article : Marielle Wastable, « La notion de belt dans la géographie scolaire française des Etats-Unis », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Epistémologie, Histoire de la Géographie, Didactique, document 495, mis en ligne le 14 avril 2010, consulté le 27 juin 2013. URL : http://cybergeo.revues.org/23009

Aux origines de la huerta valencienne : organigramme

organigramme-huerta-valencienne-facteursLa huerta de la région de Valencia en Espagne est un modèle de système agraire, dont on retrouve des avatars dans d’autres espaces comme le Midi français, dans le Comtat Venaissin par exemple. Il s’agit d’un espace de colutra promiscua associant des cultures fragiles et rentables comme les agrumes avec la trilogie méditerranéenne. Elle puise dans les héritages historiques de la région, notamment la culture arabo-musulmane qui a permis l’introduction de plantes nouvelles et la maîtrise de l’irrigation par gravité. On peut également la considérer comme un géosystème, en ce qu’elle est le produit de l’adaptation des sociétés humaines au milieu méditerranéen.

Le vent souffle, en Ar(t)izona…

À défaut d’aller zoner dans un état d’Amérique avec Harry, une carte « décoiffante » permet de visualiser en direct les courants éoliens au-dessus des États-Unis en saisissant les « entrelacs délicats des vents ».

Si la cartographie des phénomènes météorologiques est très largement standardisée dans les médias classiques, et constitue (il faut bien le reconnaitre) l’un des contacts les plus universel avec l’outil cartographique, l’exercice prend ici une dimension esthétique salutaire, qui permet de s’affranchir de nos codes sémiologiques classiques, pour amener à « ressentir » l’intensité et la direction des vents grâce à un figuré en forme de comète, tel des lignes blanches mouvantes.

Ce travail est l’œuvre de la collaboration entre Fernanda Viégas et Martin Wattenberg (voir leur site collaboratif), deux spécialistes dans les techniques de visualisation de données. Issus de la recherche académique (l’une est titulaire d’un Ph.D de design et de conception graphique, l’autre d’un Ph.D de mathématique), ils ont uni leurs compétences dans un groupe de recherche à Cambridge dans l’idée d’explorer « les possibilités de visualisation comme un outil pour poser des questions scientifiques, sociales et artistiques ».

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Ainsi fond, fond, fond, la neige sur les maronniers…

Une fois n’est pas coutume, après une longue période de dormance, c’est par un marronnier que ce blog commence l’année 2010. Un marronnier, dans le jargon de la presse, est un sujet banal qui revient chaque année à échéance régulière et fournit un sujet de reportage à peu de frais : la rentrée des classes, les soldes … et bien sûr le climat. Bien qu’on ne puisse pas prévoir les épisodes climatiques remarquables, chaque saison a son marronnier… Au printemps, les giboulées occasionnent un reportage sur les vignerons ou maraîchers sinistrés. La sécheresse touche inévitablement le midi chaque été : c’est même une caractéristique du climat méditerranéen. L’automne est la saison des inondations ou, à défaut, de l’été indien et de son exceptionnelle douceur (les reportages s’attarderont alors sur les terrasses des cafés). « Exceptionnelle » car le sujet a beau être un marronnier, il lui est nécessaire de revêtir les dehors du sensationnel.

 

journalTF1Ainsi, on a pu entendre ce quatre janvier, dans le journal de 20h de TF1(1), à propos des chutes de neige à Grenoble : « du jamais vu depuis 2005 » ! (ci-contre) On n’a pas tous les jours un épisode neigeux jamais vu de mémoire de Grenoblois, mais remonter seulement quatre ans en arrière affadit la comparaison. On entendra peut-être, un jour : « des chutes de neige jamais vues depuis l’hiver dernier ! ». Toujours est-il que la neige a sérieusement perturbé la circulation en Rhône-Alpes (c’est l’objet principal du reportage de TF1). Le dossier proposé par Météo France sur son site internet intitulé « La neige en plaine » donne quelques explications à ce problème. Jérôme, prévisionniste à Météo France, qui ne semble pas avoir de patronyme, nous explique dans ce dossier(2) la différence entre les différentes « sortes de neige ». Les températures inférieures à -5°C engendrent une neige « légère et poudreuse » qui « contient peu d’eau liquide ». C’est celle qui fait le bonheur des skieurs. Entre 0°C et -5°C la neige devient « humide et collante », or « c’est la plus fréquente en plaine et la plus indésirable ». Elle pose des problèmes d’adhérence sur la route et peut se transformer en glace si elle est compressée. Si la neige pose problème dans les agglomérations en plaine, c’est aussi parce qu’elle est moins habituelle. Jérôme nous explique qu’ « un enneigement de 5 cm perturberait davantage Paris ou Perpignan que Grenoble ou Tarbes. » Si la neige lourde, celle qui contient le plus d’eau, est la plus fréquente en plaine, c’est que les températures ne descendent que modérément en dessous de 0°C. L’effet de l’altitude sur les températures n’est plus à démontrer : les géographes qui gardent quelques souvenirs de la lecture de Demangeot(3) se rappellent qu’on perd 0,5°C de température moyenne pour 100 m d’élévation.

 

lyon_neigeLa neige en plaine surprend, donc, et à plus forte raison dans les grandes agglomérations, où la température est souvent (semble-t-il) supérieure d’un degré à celle des campagnes environnantes. Elle « surprend », elle « gêne », et elle « perturbe ». L’espace vécu de la population âgée se rétracte provisoirement à la sphère domestique (cela signifie en jargon de géographe que les vieux restent chez eux). Il existe cependant une partie de la population pour qui la neige est une joie presque indicible : les enfants, pour lesquels elle transforme la ville en un gigantesque terrain de jeux. Les enfants ruraux ont d'ailleurs un avantage notable sur les enfants urbains, puisqu’ils peuvent espérer une interruption des services de ramassage scolaire, ce qui ajoute à la joie de la neige celle de rater l’école. On peut soupçonner également de nombreux adultes de ressentir secrètement, devant le paysage enneigé, une joie enfantine qu’ils croyaient révolue. Comment expliquer cette émotion ? La photographie (ci-contre, à droite) donne à voir la ville de Lyon sous la neige. On reconnaît au premier plan les cours intérieures des pentes de la Croix-Rousse. Au deuxième plan, la Saône s'écoule devant le quartier Saint-Paul. A l'arrière plan enfin on devine la modeste skyline(4) dominée par la tour Part-Dieu, dite "du Crédit Lyonnais" et surnommée le "crayon".

 

nuancierExtrayons de cette photographie un nuancier (ci-contre, à gauche). Il en résulte un camaïeu de bleu (pouvant tirer sur le violet à cause du rouge des murs et des toits). Même si les couleurs de la photographie n'ont que peu à voir avec celles de la réalité, elles laissent entrevoir ce que l'œil peut percevoir d'un paysage de neige au lever du jour. La prédominance des bleus explique peut-être en partie l'émotion ressentie face à ce paysage, notamment lorsqu'il s'agit d'un paysage connu. Notons que sur la photographie, la neige n'est pas blanche mais bleu clair (en haut à gauche du nuancier). Luc Bureau, géographe québécois, évoque même dans La Géographie de l’hiver dernier(4), un désir de neige pour parler de cette attirance exercée par la neige (pour montrer que, comme le désir de rivages de Corbin, elle est une construction mentale et culturelle). Que le premier à n’avoir pas ressenti cette attirance me jette la première … boule de neige.

Rédaction : JB Bouron - Photographie : Lucie Diondet

Notes :

(1) journal de 20h de TF1 le 04/01/2010
(2) site internet de Météo France (ni auteur, ni date)
(3)DEMANGEOT Jean, Les milieux naturels du globe, Masson, 1992, p.160. Ce manuel d’introduction à la géographie physique est un classique pour les étudiants en géographie.

(4)La skyline est la ligne dessinée sur l'horizon par les immeubles, notamment dans les villes d'Amérique du Nord.

(5)BUREAU Luc, "Désir de Neige", in La Géographie, n°5, hiver 2009, pp.60-63