Des fiches pratiques pour aborder les parcours des réfugiés et des déplacés avec les élèves.

Avec l’aide de la géographe Bénédicte Tratnjek, la Géothèque vous propose deux fiches pratiques sur le thème des migrations et plus spécifiquement le cas des déplacés et des réfugiés.

  • La première fiche concerne les territoires de l’accueil et peut être utile pour aider les élèves à aborder les migrations sous l’angle des parcours individuels.
  • La deuxième propose une mise au point de ces notions à travers le cas de la ville d’Abéché au Tchad.

Ces fiches peuvent être utiles notamment dans le cadre du programme de 4e.

Appel à contenu

Le site Géothèque.org a pour ambition (modeste) de cultiver la curiosité géographique en dehors des sentiers battus. Il s’adresse aussi bien à la communauté enseignante et étudiante, souhaitant diffuser des contenus, qu’au grand public déjà curieux ou non de la géographie et qui peut y arriver par divers chemins (goût pour un autre domaine, dynamique militante ou esthète, etc..). L’idée de ce blog collaboratif est de faire comprendre ce qu’est et peut être la géographie et ce qu’apporte un regard géographique sur le monde qui nous entoure.

Cela vous intéresse et vous aimeriez contribuer ? Nous cherchons des articles entre 2000 et 10.000 signes, avec une iconographie originale et sourcée, utilisant un vocabulaire pleinement géographique mais dans un style accessible. Nous cherchons des contenus qui sortent de l’ordinaire tout en reprenant les fondamentaux de la géographie. Des membres de l’association La Géothèque valideront les propositions avant diffusion si elles correspondent à l’esprit du site.

Vous pouvez explorer les rubriques existantes sur le site actuel (commentaires de photos, billets, géofiches, ressources scolaires par thèmes/niveaux/espaces/époques), nous projetons aussi de nouvelles rubriques selon les propositions que nous recevrons (commentaires de cartes topo, vues de l’actu, la géo dans les arts, le questionnaire du géothécaire,…).

Nous sommes en tous cas ouverts aux suggestions et surtout si l’aventure vous tente n’hésitez pas à vous lancer, même pour une petite fantaisie, nous attendons vos propositions !

La nuit de la géographie 2018 : bilan

Le CNFG a lancé en 2017 l’impulsion d’un événement européen de partage de la géographie, la Géothèque a souhaité porter en 2018 la version lyonnaise de cet événement !

L’organisation

Au fil de la mise en place de l’événement, des partenaires se sont joints au comité d’organisation d’une quinzaine de personnes.

Partenaires :

– École Urbaine de Lyon
– Université de Lyon
– Géoconfluences
– CartONG
– CafésGéo de Lyon
– le RGLL
– Géorizon
– AFNEG
– APHG
– Hévéa + La Cuisine Itinérante (lieu accueil et restauration)

C’est la Géothèque, en tant qu’association de promotion de la curiosité géographique qui est porteuse de cette Nuit de la Géo à Lyon.

Le lieu, la fréquentation globale, la communication

Le patio de l’Hévéa, lieu de rencontres géographiques

Le lieu choisi, l’Hévéa, « centre d’affaire éthique » accueillant des entreprises et associations d’ESS, s’est parfaitement prêté à la Nuit de la Géo, offrant un espace restauration (alimentation locale), un espace pour les ateliers, un autre pour les conf/café, le tout assez ramassé dans l’espace pour être convivial.

On estime à 200 personnes la fréquentation globale du lieu pendant la soirée, en comptant les personnes arrivées/reparties tôt, ou inversement arrivées/reparties tard, le public ayant évolué pendant la soirée. La qualité des interactions permises par une fréquentation moyenne et l’agencement des lieux a souvent été soulignée très positivement. De nombreuses personnes ont été tenues au courant de l’événement par : les réseaux professionnels de professeurs, le réseau propre au Mapathon, des réseaux étudiants, l’événement facebook, ou encore la newsletter de Géoconfluences.

Contenus

Départ de la balade urbaine, devant l’Hévéa

Balades urbaines

Deux étaient proposées en simultané (18h30-20h)

– La gentrification de la Guillotière : environ 60 personnes sont parties, très satisfaites. Il y a une importante demande de balades urbaines de la part du public.

– Traverser Perrache à pied, balade sensible : 20 personnes ont participé, dont une dizaine ont ensuite participé à la lecture de haïku rédigés en lien avec cette balade.

Ateliers

Plusieurs ateliers avaient lieu en simultané (18h-22h) dans une grande salle divisée en sous-espaces, la fréquentation a été continue (avec un creux pendant les balades urbaines puis à la fin) :

– Nomad Maps : retours très positifs, fréquentation continue et échanges de qualité
– Géograffitis : positif, a eu de bons échanges avec des curieux du graff.
– Campus Comestible : de bons retours aussi
– Cartographie sensible : un des gros succès de cette édition : a permis de proposer quelque chose d’adapté aux enfants mais pas seulement ! Une vingtaine de cartes ont été réalisées avec des matériaux faisant appel aux sens puis exposées au fur et à mesure
– Mapathon : gros succès également, une trentaine de cartographes pendant la soirée, habitués ou non des mapathons, de tous les âges et niveaux techniques. Le retour explicatif fait à tout le public en cours de soirée a été apprécié.

Projection du film Construire Mazagran puis débat avec la réalisatrice : la programmation tardive (début du film à 22h30) et la concomitance avec le débat du RGL a fait qu’il y avait peu de personnes à la projection (une vingtaine) malgré l’intérêt du film et du débat qui a suivi.

Expos/Librairie

Les expositions (de photos d’étudiants de l’asso Géorizon ; et d’une photographe Delphine Charlet) ont été appréciées. La présence d’un stand d’ouvrages en lien avec les thématiques actuelles de la géographie, grâce à la Librairie Archipel, a été fructueuse et permettait la discussion et l’échange avec les auteurs présents pour les conférences.

Espace café

3 moments qui ont tous été fréquentés par environ 50 personnes à chaque fois (avec un pic à 70 personnes pour le second) :

– Café Géo de Stéphane Crozat sur les légumes anciens et la biodiversité cultivée
– Conférence de Michel Lussault sur la géographie à l’heure de l’Anthropocène
–  Atelier « surtout-pas-conférence » par le Réseau des Géographes Libertaires

Le café géo de Stéphane Crozat

Pour faire partie de l’aventure l’année prochaine contactez nous sur  : nuitdelageolyon@gmail.com 

Petite géographie du bœuf de Bazas

Notre carte représente le territoire d’une appellation bovine doublement labellisée, le « bœuf de Bazas ». Originellement produit du terroir bazadais, localisé dans le sud de la Gironde, cette appellation recouvre désormais un ensemble plus vaste. L’IGP s’étend du Médoc au nord-ouest du Gers en passant par une partie du Lot-et-Garonne. Elle s’appuie sur une longue tradition. C’est également un élément de développement économique territorial et un composant du paysage socio-culturel, et ce, à différentes échelles.

Boeuf de Bazas

Bœufs de Bazas à la fête des bœufs gras de Bazas, 2012. Photographie de Jacme31 sous licence CC BY-SA 2.0. Source Flickr.

Notre carte est centrée sur l’espace de production et de diffusion du bœuf de Bazas dans le cadre plus général du Sud-Ouest de la France. Elle tente d’illustrer l’ancrage local d’un produit de qualité, qui essaie de se diffuser par différents moyens (communication, exportation, discours…) à l’intérieur et à l’extérieur de son espace d’origine. Les nombreux acteurs sont ainsi cartographiés pour montrer leur importance et leurs différentes stratégies quant à la viabilité sur le long terme de leurs actions en faveur de ce produit.

La légende, riche en items, fait figure de texte explicatif, d’où sa densité, peu courante pour une carte de synthèse. Elle permet d’analyser en profondeur une production pas toujours évidente à saisir qui mêle des dimensions variées (géographiques, économiques, sociologiques etc.) et des logiques multiples (spatiales, de rentabilité, etc.).

Il est toujours difficile de symboliser par une représentation abstraite (comme l’est cette carte) des données visuelles, olfactives voire gustatives. C’est pour cela que nous espérons que ce parti pris ne gênera pas le lecteur… En vous souhaitant une bonne dégustation visuelle !

Victor Piganiol

Boeuf de Bazas carte AOP

légende boeuf de Bazas

Sortie géographique dans le PNR des Monts d’Ardèche

C’est une première pour la Géothèque : une dizaine de membres (et futurs membres) de l’association, âgés de 2 ans et plus, ont bravé la montagne ardéchoise, pour y moissonner des documents géographiques qui sont librement utilisables pour un usage non lucratif (sous réserve de citer la source. Pour d’autres usages, nous contacter). Le récit de ce voyage vous donnera sans doute envie d’adhérer à l’association, et d’être ainsi informé.e de notre prochaine sortie géographique !

Samedi 8 juillet 2017

Départ 8 h de Lyon, arrivée midi au domaine de Pécoulas (commune de Lagorce). Treize vins en IGP Ardèche : « si tu ne trouves pas un vin qui te plaît dans un de mes vins c’est que tu dois boire du Coca ! », est la devise officieuse du vigneron, Jacques Eldin. Et en effet la diversité des goûts est réelle avec un bon rapport qualité/prix (25 €/30 € en moyenne le carton de 6). Ici on ne parle pas anglais et on le revendique (un géothécaire joue au traducteur pour des allemands en goguette). Petite exploitation familiale de 4 personnes qui s’est lancée dans les bags in box, et a mécanisé la vendange. Les coffres des voitures se remplissent…


Clichés : Nathalie Heurtault, 2017

Pique-nique au bord de l’Ardèche dans un village au label des « plus beaux villages de France » : Vogüe. Les pieds dans la fraîche Ardèche on voit un peu de la mise en tourisme de cette Ardèche méridionale « autoroute à canoës » (même si début juillet le touriste n’est pas encore trop présent).

nathalie heurtaultNathalie Heurtault
Clichés : Nathalie Heurtault, 2017

Début de la montée dans la montagne ardéchoise : premier arrêt juste avant le Tunnel du Roux, occasion de photos, croquis de paysage et commentaire de Jean-Louis notre guide local de l’étape. On observe notamment l’étagement montagnard avec la limite altitudinale du châtaignier, puis celle de la forêt, et les premières pelouses d’altitude. Paysages superbes, on s’approche des lieux de la trilogie documentaire de Depardon (Profils paysans, trois films réalisés par le photographe-cinéaste entre 2001 et 2008 : « L’approche », « Le quotidien » et « La vie moderne »), tant par le bâti que la rudesse du paysage.

Croquis vallée de la Fontaulière et vue sur la vallée du Rhône
Croquis : J.-B. Bouron

Passage de la ligne de partage des eaux entre bassin versant de l’Ardèche (Méditerranée) et de la Loire (Atlantique). Voir à ce sujet l’excellent documentaire de Dominique Marchais, La Ligne de partage des eaux, avec des vrais morceaux de géographie dedans.

Nathalie HeurtaultNathalie Heurtault Nathalie Heurtault
Clichés : Nathalie Heurtault, 2017

Arrêt à la caldeira de la Fontaulière (selon notre ami wikipédia : « vaste dépression circulaire ou elliptique, généralement d’ordre kilométrique, souvent à fond plat, située au cœur de certains grands édifices volcaniques et résultant d’une éruption qui vide la chambre magmatique sous-jacente ») : l’Ardèche c’est aussi le vert de la végétation, même en été ; les volcans et les prairies fleuries pleines d’une biodiversité.

Caldeira
Croquis : J.-B. Bouron

Troisième arrêt au barrage de Lapalisse qui transfère de l’eau de la Loire vers l’Ardèche, un haut point géographique, d’ingénierie et de forts enjeux géopolitiques interbassins ! De ce transfert d’eau dépend une partie de la ressource touristique de la vallée de l’Ardèche.

Nathalie HeurtaultCliché : Nathalie Heurtault, 2017

Descente vers le Lac d’Issarlès qui offre une vue imprenable sur le Mont Mézenc, une station de pompage EDF et le tourisme vert des lacs de Haute Ardèche : les géographes sont heureux de se rafraîchir dans ce très beau cadre !

Encore un peu de route et installation à l’Hôtel des voyageurs d’Issarlès, un petit bourg, qui fut sans doute une importante place de marché. Le village n’a pas de rue mais une succession de vastes places. Nous sommes comme des coqs en pâte avec une vue sur les prés, la forêt et la place du village (où une maison 1900 à vendre « dans son jus » ferait un beau siège pour la Géothèque…). Adhérez à l’association pour lui permettre de débuter un empire immobilier !

Nathalie Heurtault
Cliché : Nathalie Heurtault, 2017

Soirée au hameau Les Arcis, commune d’Issarlès, où notre guide habite la moitié de l’année. Après un apéro mérité et composé de fromages, charcuterie et vins locaux, il nous fait rencontrer Rosa Moulin, 98 ans, et ses deux fils célibataires, qui s’occupent de leur 20 vaches laitières (sa fille et son gendre qui habitent Lyon sont aussi là). Une fois de plus, impossible de ne pas penser à L’Approche où Depardon interroge des paysans, notamment dans le Haut Vivarais voisin. Rosa est une figure, travaillant aux champs depuis son enfance et la mort de son père de ses blessures de guerre (mais « mort à la maison, ma mère n’a jamais eu droit à une pension, il aurait fallu qu’il meure à l’hôpital »). Autour d’un pastis et d’une brioche (ici l’apéritif s’accompagne de sucré) elle raconte un peu de sa vie dans ce pays qu’on devine rude. Ses fils nous montrent les vaches et le lieu de traite (le plus simple qui soit), l’un est très en retrait, ne conduit pas (ce qui nous semble une contrainte gigantesque dans ce contexte « loin de tout ») et l’autre est un peu plus disert et mobile. Voyage dans le temps garanti. La soirée s’écoule ensuite on ne peut plus agréablement autour d’un barbecue et de quelques bouteilles de Pécoulas.

Nathalie Heurtault
Cliché : Nathalie Heurtault, 2017

Dimanche 9 juillet 2017

Doux réveil après une nuit fraîche (ouf !) à Issarlès avec petit déjeuner sur la terrasse de l’Hôtel des voyageurs. On voit un peu de la vie dominicale de ce bourg blotti dans la moyenne montagne : motards suisses en goguette, locaux qui viennent chercher leur pain, boire leur café ou leur bière du matin… Croquis de la place, averse, soleil…

Issarlès depuis Hotel des Voyageurs

On part ensuite visiter la Ferme de la Louvèche (commune du Lac d’Issarlès) où Nicolas, le fils, associé à sa femme et son père (la maman étant officiellement à la retraite), mène énergiquement les activités d’élevage, transformation et vente directe. 60 hectares (30 de fauche qu’ils font faire et 30 de pâturage pour les chèvres), 60 à 70 chèvres alpines et 10 à 15 porcs fermiers font de cette ferme un lieu d’activité diversifiée ouvert au public. Cependant, les cars ne peuvent pas monter : le public est surtout constitué des groupes de personnes en situation de handicap et des touristes en été puisqu’elle est placée entre le Lac d’Issarlès et le Mont Gerbier de Jonc). La vieille « chaumière » avait été achetée dans les années 1970 par le grand père employé d’EDF qui avait quelques animaux pour son plaisir personnel. Le père s’est lancé dans la chèvre et la vente directe, « ce qui [les] a sauvé ». Quand le fils a voulu prendre la suite il l’a encouragé à diversifier et se lancer dans sa propre activité choisie par goût personnel : l’élevage de porcs fermiers et leur transformation sur place (abattage ailleurs). La chambre d’agriculture leur avait conseillé plutôt d’intensifier en doublant le cheptel de chèvres mais il aurait fallu agrandir les bâtiments, les terrains, etc.

Cliché : Nathalie Heurtault, 2017
Cliché : Nathalie Heurtault, 2017

Cependant, le fils a fait le choix de la diversification et de la transformation sur place associée à la vente directe. Ce choix lui permet également une certaine autonomisation par rapport aux pratiques d’élevage de son père/associé. Avec un investissement de 150 000 € dans les deux laboratoires (celui de fromages et celui de découpe et charcuterie), l’exploitation produit ses charcuteries et viandes de porcs fermiers (sans label bio, le grain coûterait trop cher : de 300 € la tonne le coût du grain bio passerait à 500 € la tonne, sachant que Nicolas en utilise une tonne tous les 45 jours) et ses fromages de chèvre (bio ceux-là, mais hors AOC en raison d’un différend à l’occasion d’une redéfinition de l’espace de l’AOC Picodon) : un délice ! Les coffres se remplissent à nouveau, après une dégustation très agréable et un accueil très chaleureux… On ne peut au final qu’être frappés par le contraste entre l’exploitation familiale des Arcis et celle de La Louvèche : Nicolas a fait un lycée agricole (où on n’apprend, semble-t-il, qu’à « remplir les formulaires de la PAC ») puis une formation pour adultes de transformation du porc. Il est très inséré dans les canaux de distribution directe (Ruche qui dit Oui à Aubenas pour laquelle il adapte ses caissettes aux consommateurs urbains, vente à la ferme, visites, volonté de sensibiliser à la qualité). On sent la hauteur de vue du fils comme du père qui a su laisser une innovation sociale bien dosée transformer sa propriété en une ferme très agréable et passionnante à visiter (avec une vue imprenable sur l’Ardèche verte).

Cliché : Nathalie Heurtault, 2017Cliché : Nathalie Heurtault, 2017

La troupe des géographes descend ensuite vers le plateau par la Route des sucs. Toujours selon notre ami Wikipédia, un suc est un « sommet volcanique caractéristique de la région du Velay et du haut Vivarais dans le Massif central. Il se présente sous la forme d’un piton ou d’un dôme aux pentes fortes, nettement proéminent, de nature trachytique ou phonolitique. Ils dominent des plateaux basaltiques qui ont sensiblement le même âge géologique. L’ensemble forme un paysage caractéristique fait de hauts plateaux et de pointements isolés. ». C’est de toute beauté et très dépaysant ; cela me rappelle les Mogottes de la Vallée de Viñales à Cuba. Déjeuner au restaurant Beauséjour (commune du Béage), une adresse délicieuse, avec une vue imprenable et un service impeccable ! Les charcuteries, viandes, pommes de terre, plateau de fromage et les glaces Terre Adélice (un succès agro-alimentaire local), le tout produit localement ravissent nos papilles…

Il est temps de rentrer, par la Route des sucs, la Haute-Loire, la Loire puis le Rhône et de prévoir les prochains week-ends de la Géothèque, pour toujours plus de curiosité géographique !

Récit de la sortie : Hélène Chauveau et les membres de la Géothèque

Voir la pointe occidentale de la France (et la contrainte de l’insularité)

La pointe de Pern, visible ici, est la terre la plus occidentale du territoire français métropolitain. Située sur l’île d’Ouessant, cette côte rocheuse est balayée par des vents et des courants marins puissants, dont témoigne le trait de côte dentelé et marqué par l’érosion. Le phare du Créac’h, visible à l’extrémité nord-est de la photo, est ici particulièrement important, car il guide les navires dans le rail d’Ouessant. Allumé dès 1863, ce phare est en effet un point stratégique de la navigation puisqu’il signale l’entrée dans la Manche ; et signe de son importance, il s’agit du phare le plus puissant d’Europe (le second à l’échelle mondiale).

L’impression tempétueuse visible sur cette photographie aérienne est renforcée par l’image de ces prairies sur des sols exposés au vent et au sel. Face à cette contrainte climatique, les terres cultivées ont quasiment disparu1même si une relance maraichère labellisée tente de se développer au profit d’un élevage résiduel de moutons, lui même en déclin. L’île avait d’ailleurs sa propre race ovine, le mouton d’Ouessant, dont la caractéristique est d’être le plus petit du monde. Mais peu prolifique et peu productive, cette race a été progressivement remplacée sur l’île (la race s’est maintenue dans des usages récréatif et d’agrément).

Cet exemple d’une espèce endémique menacée témoigne des caractéristiques et des contraintes de l’insularité. L’isolement agit en effet à double sens : d’une manière il est une contrainte qui limite le développement du territoire (la discontinuité entre l’île et le continent entraîne par exemple des ruptures de charge pour les marchandises et les personnes), de l’autre, il peut être un atout qui engendre des particularismes locaux, culturels par exemple (la valorisation des ressources locales pouvant devenir un levier de développement économique). Les résidences secondaires, qui comptent pour près de 50 % du parc de logements, sont ainsi à la fois la symptôme d’une contrainte incitant les habitants à quitter leur île, que le résultat d’une valorisation de l’insularité, comme aménité touristique.

Aussi, pour se déplacer, les 800 habitants permanents sont tributaires de l’unique liaison quotidienne assurée en basse saison (2h pour effectuer les 20 km qui séparent l’île du continent). Cet isolement entraine une certaine proximité sociale, qu’une rocambolesque histoire de braquage a récemment illustré.

Île d’Ouessant – Finistère – Coordonnées géographiques : 48.45135 , -5.137997 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Notes

Notes
1 même si une relance maraichère labellisée tente de se développer

Voir l’espace habité le plus méridional de France métropolitaine (et l’accaparement du littoral)

À l’extrémité Sud de la Corse, les bouches de Bonifacio (c’est le nom du détroit qui sépare la Sardaigne de la Corse) sont connues des navigateurs pour être l’un des endroits les plus dangereux de la Méditerranée à cause du grand nombre de récifs et des forts courants. Parmi ces récifs, certains sont plus importants et composent l’archipel des Lavezzi dont l’île de Cavallo est la plus grande. C’est aussi la seule à être habitée, ce qui en fait l’espace habité le plus méridional du territoire français situé en Europe.

Mais cet espace de 120 hectares a aussi la particularité d’avoir été totalement privatisé ! L’accès au port et à la petite marina (au sud de l’image) est certes possible, mais des gardiens empêchent l’accès aux luxueuses propriétés privées (une centaine) et à leurs plages (dont le statut n’est pas clair). Cette île, qui est surnommée « l’île des milliardaires », a été accaparée à partir des années 1970 par de riches résidants et toute une cascade de sociétés alors soupçonnées de liens étroits avec la mafia italienne. Ces investisseurs en ont fait une île quasi fermée, dotée de sa propre piste pour avions (au centre de l’image), et s’abritent derrière un statut territorial ambigu pour échapper à certaines « contraintes » (l’île échappe au Conservatoire du littoral et à la réserve naturelle puisqu’elle n’a pas été rétrocédée à Bonifacio en 1981, à l’inverse des autres îles de l’archipel).

Les deux îles principales de l’archipel des Lavezzi connaissent ainsi aujourd’hui des destins divergents. D’un côté, Cavallo est devenue un symbole de l’accaparement d’une part du littoral par les intérêts privés. Ce paysage idyllique demeurant inaccessible, même s’il a perdu une partie de son éclat, suite aux vicissitudes de la société de gestion privée (les habitations ne sont pas entretenues et une partie de l’île est jonchée de déchets faute d’une véritable station d’épuration). L’île Lavezzi et le reste de l’archipel ont quant à eux été classés réserve naturelle en 1981, puis intégrés en 1999 dans la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (partie française du projet de Parc marin international Corso-Sarde). Ce classement protège le paysage granitique érodé et ses écosystèmes originaux, tout en permettant un accès contrôlé aux touristes.

Île de Cavallo – Corse du Sud – Coordonnées géographiques : 41.367356 , 9.264178 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Voir la ségrégation socio-spatiale autour d’un lotissement particulier

La périurbanisation prend souvent la forme de lotissements pavillonnaires denses, où la taille du terrain (on dit que la parcelle est lotie : divisée en plusieurs « lots ») reflète généralement son coût. Le lotissement est en effet une forme d’aménagement planifié, où chaque lot est viabilisé par un accès à l’eau, à l’électricité et à la route, puis vendu pour être construit. Jusqu’à récemment, les principes de mixité sociales ont rarement prévalu à l’aménagement des lotissements, et on peut au contraire avancer que les lotissements ont alimenté les mécanismes de ségrégation socio-spatiale (séparation des classes sociales dans l’espace). On observe par exemple souvent que l’installation des classes moyennes est postérieure à celle des classes aisées arrivées plus tôt dans les campagnes les plus proches des villes, créant ainsi des couronnes périurbaines socialement très différenciées. Mais l’historique du peuplement et l’éloignement n’expliquent pas à eux seuls le fort différentiel de prix d’accès au foncier des lotissements. Car la ségrégation est aussi le résultat d’une politique consciente et de stratégies résidentielles individuelles.

C’est notamment le cas sur cette photographie aérienne d’une partie du lotissement du Lys à proximité de la forêt de Chantilly. Il s’agit du plus ancien lotissement de l’Oise, dont l’aménagement a été planifié en 1924. Par son ampleur (1500 propriétaires sur 760 ha et 45 km de voies) et son aspect précurseur, le « Domaine du Lys-Chantilly » fait déjà figure d’exception ; mais c’est surtout par ses caractéristiques sociales que ce lotissement est « remarquable ». Certes, sa proximité avec Paris (36 km) explique en partie qu’il soit principalement occupé par des couples aisés issus des premiers mouvements d’installation en périphérie des villes, mais c’est surtout par son mode de gestion, proche des principes d’une gated community que ce lotissement illustre les inégalités sociales périurbaines.

S’il ne s’agit pas à proprement parlé d’une résidence fermée (son accès demeure libre), le domaine est surveillé en permanence par un service privé, financé par un mode d’administration particulier (une association des propriétaires qui a un statut d’établissement public administratif) permettant la « privatisation par un collectif » de cette large portion de forêt. Ses défenseurs louent la qualité environnementale du projet qui a, du fait de sa faible densité, limité l’impact de l’artificialisation sur le paysage. Mais avec des parcelles de 50 ares en moyenne, ce mode de vie à un prix que peu de personnes peuvent d’offrir.

Lamorlaye – Oise – Coordonnées géographiques : 49.158183 , 2.41652 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Voir un front de périurbanisation (et – ne pas voir – l’artificialisation de la forêt)

(Ou plutôt : « Ne pas voir un front de déforestation : voir erratum en fin d’article).

Article original : On peut définir la périurbanisation par « la construction de nouveaux bâtiments, notamment des logements, à l’extérieur des villes. La construction de lotissements pavillonnaires est caractéristique de l’espace périurbain et les périurbains sont les personnes qui vont habiter à l’extérieur de la ville tout en continuant d’y travailler » (source Bouron/Georges). C’est l’espace du logement individuel, de l’automobile et de la vie de famille (on peut voir la présence d’une école au centre, sur la bordure nord de la photo).

Ces aménagements planifiés peuvent comme ici prendre la forme d’une excroissance très dense en marge du territoire communal et grignoter les espaces forestiers traditionnellement en périphérie du finage. A la manière d’un front de déforestation, on peut ici penser que la dynamique périurbaine, dans son extension, forme un front de périurbanisation. Certes la proximité de la forêt constitue une aménité environnementale pour ces résidents en quête d’un meilleur cadre de vie. Mais cet exemple montre que l’enjeu central autour de la périurbanisation est celui de l’artificialisation des surfaces (changement d’occupation d’un sol qui perd ses qualités de milieu). En France, se sont ainsi 295.000 hectares de milieux « naturels » qui ont été artificialisés entre 2006 et 2010 (source).

Forêt domaniale de Haye – Villers-les-Nancy – Meurthe-et-Moselle – Coordonnées géographiques : 48.65273 , 6.111403 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

ERRATUM

Grâce à la résonance de cette photo sur les réseaux sociaux, un lecteur attentif a relevé une erreur importante qui avait échappé à notre vigilance, et qui mérite une rectification. Par honnêteté nous avons laissé le billet dans sa version originale. Voici sa remarque :

La forme singulière de l’aménagement de cette zone pavillonnaire avait attiré notre attention, tant elle laissait penser à une opération planifiée d’étalement urbain de la commune de Villers, sur des terres défrichées au cœur de la forêt de Haye. Or, il s’agit en fait d’anciens terrains agricoles, et au contraire le périmètre forestier est demeuré parfaitement inchangé. Si la dynamique de périurbanisation reste la même, il ne faut donc pas parler de déforestation, mais plutôt d’artificialisation de terres cultivées ; le défrichage étant bien antérieur à la construction des pavillons. D’ailleurs, le toponyme aurait dû attirer notre attention : « Clairlieu » indique en effet l’idée de « lieu défriché » (Clarus Locus) ; et une recherche rapide (Wikipédia) nous apprend que ces terres labourées ont été défrichées par des moines cisterciens qui y avaient installé dès le 12ème siècle une abbaye. Cette dernière a été rasée à la révolution, mais les terrains ont été rattachés à la commune de Villers, et les terres sont restées cultivées jusqu’à l’aménagement du lotissement au début des années 1970.

La série de photographies aériennes qui suit, illustre cela (photos tirées de l’application Remonter le temps). On voit en 1946 l’emprise des terres cultivées, tandis que dès 1971 les aménagements du lotissement (mise en lot) apparaissent. En 1972 les premiers pavillons sont construits, et les photographies aériennes de 1976 et 1979 (en couleur) permettent de visualiser l’emprise définitive du bâti pavillonnaire. Comme le remarquait l’internaute, il est alors étonnant de remarquer l’extraordinaire maintien de la lisière de la forêt, qui est restée stable face aux dynamiques de défrichement agricole dans un premier temps, et de la périurbanisation dans un second temps. Se faisant, notre exemple est donc devenu un contre-exemple…

1946

1971

1972

1976

1979

Voir une gare de triage (Woippy, la plus grande de France)

Même si leur emprise spatiale est importante sur une carte (et donc dans le paysage), les gares de triage sont une face cachée de l’économie des transports de marchandise. Ici, sur la commune de Woippy, au nord de Metz en Moselle, on peut voir une partie de la plus grande gare de triage française en activité, avec son faisceau de débranchement de 48 voies.

Les gares de triage ont longtemps été un rouage essentiel de la logistique du transport de marchandises, car elles assuraient une interface entre le local et l’international. Une gare de triage est en effet connectée d’une part à une zone de ramassage-distribution dite par « wagon isolé » (réception/départ des trains de desserte locale), et elle est d’autre part reliée à d’autres gares de triage par des trains dits « inter-triage » (liaison nationale et internationale). A Woippy, la situation de ce complexe de 114 hectares, inauguré en 1963 au nord de Metz et en liaison directe avec l’Europe de Nord, peut expliquer sa pérennité.

Car aujourd’hui, de nombreuses gares de triages sont abandonnées avec l’abandon progressif du système de « wagon isolé » et de l’ensemble des petites voies ferrées qui desservaient directement les petits sites industriels. Ce système de fret subit en effet la concurrence de systèmes plus directs (et donc plus rapides), notamment par « train massif » (acheminement direct entre un point de départ et un point de destination, sans remaniement intermédiaire) et par le développement du ferroutage (chargement de camions complets sur un train). En effet, avec la normalisation du commerce international autour du principe du conteneur, ce sont les plates-formes multimodales (lieu où les marchandises changent de mode de transport) qui organisent aujourd’hui le maillage du transport de marchandises (principalement autour des ports et des aéroports).

Gare de triage de Woippy – Moselle – Coordonnées géographiques : 49.186402 , 6.157837 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Une nouvelle rubrique pour voir les mots de la géographie

Nous avons initié une série de publications dont l’objectif est de donner à voir les mots de la Géographie. Notre idée est d’illustrer un concept, une notion, un enjeu avec un petit extrait de photographie aérienne issue de Géoportail (tous droits réservés), à laquelle nous associons les coordonnées géographiques pour en faciliter un éventuel usage pédagogique. Les publications vont s’enrichir progressivement, mais n’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos idées et bonnes trouvailles.

Les articles de cette rubrique sont disponibles soit à partir d’une vue d’ensemble, soit au format classique.

Voir la mer de Glace (et le développement du tourisme de montagne)

Les photographies aériennes de la mer de Glace servent souvent à illustrer le recul des glaciers sous l’effet du réchauffement climatique (la glace y a reculé de 2 km depuis 1850). Mais ce plus grand glacier de France (40 km²), situé sur le versant Nord du massif du Mont-Blanc sur le territoire de la commune de Chamonix (à la confluence de la vallée de l’Arve et du torrent de l’Arveyron que l’on observe ici en aval de glacier), illustre aussi l’anthropisation de la montagne sous l’effet de sa mise en tourisme.

Près d’un million de visiteurs viennent en effet observer chaque année ce site (la rétractation du glacier devenant en lui-même un sujet de curiosité) qui a été valorisé très précocement. Dès 1909 en effet, une ligne de chemin de fer à crémaillère permet d’accéder au Montenvers pour apprécier le panorama, tant valorisé par les écrits des premiers alpinistes, et que déjà plus de 12 000 personnes venaient visiter à dos de mulet à la fin du 19ème siècle. Après le train à crémaillère, le développement du tourisme de masse y a connu encore un développement supplémentaire avec l’ouverture en 1946 d’une grotte creusée dans le glace, reliée en 1960 au Montenvers par un téléphérique qui sera remplacé en 1988 par une télécabine plus performante pouvant transporter jusqu’à 1200 personnes par heure. Ces chiffres illustrent l’extrême anthropisation du glacier (du moins son entrée) et les aménagements que sa mise en tourisme a occasionné.

Avec la mer de Glace on voit donc apparaitre un nouveau type de tourisme de montagne, qui au départ s’était développé en tournant le dos à la montagne (c’était un tourisme de station dans les vallées, qui reposait sur la ressource en eau (thermalisme) et le bon air de la montagne (climatisme) – quand on sait ce qu’il en est aujourd’hui de la qualité de l’air des vallées alpines…-. Autour de Chamonix, c’est donc un véritable tourisme « de la montagne » qui s’est développé dès le début du 20ème siècle en appui sur l’ouverture de la ligne de voie ferrée dans la vallée (Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et la Méditerranée). Dès lors, malgré ses aménagements nombreux, et nonobstant l’importante économie qu’il engendre, le tourisme de masse est aussi une fenêtre sur l’originalité du milieu montagnard et sa fragilité. On notera ainsi, que le chemin (très pratiqué et visible sur la photo) qui redescend vers la vallée permet à l’œil géographique de s’exercer à l’observation de l’étagement montagnard. Des pelouses d’altitude (étage alpin) aux cultures et prairies de la vallée (étage collinéen) en passant par les forêts de conifères puis les forêts mixtes (conifères et feuillus) de l’étage montagnard, le parcours touristique vers la mer de Glace offre un panorama d’ensemble des étages de végétations en montagne et de leur valorisation par les sociétés locales.

Mer de Glace – Haute-Savoie – Coordonnées géographiques : 45.934274 , 6.921473 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Voir une mer de vigne (et les mutations du paysage languedocien)

La vigne occupe traditionnellement une place importante dans la trilogie méditerranéenne (avec le blé et l’olivier). Mais dans la plaine sédimentaire du Languedoc, la viticulture a fait l’objet d’une véritable spécialisation au cours du XIXe siècle, qui a transformé le paysage de jardins en une véritable « mer de vigne » – on retrouve notamment cette expression dans les écrits du géographe Maximilien Sorre en 1907. Regroupés en coopératives (toujours visibles sur les cartes topographiques), les vignerons languedociens expédiaient alors leur production dans toute la France grâce au déploiement du chemin de fer.

Pendant longtemps, cette monoculture intensive (couplée à la production d’un vin de faible qualité) a occasionné plusieurs crises de surproduction, qui ont provoqué des effondrements des cours et de violentes révoltes. Les acteurs du vignoble languedocien ont alors restructuré leurs activités selon deux axes. Le premier consiste à produire moins dans une optique de diversification des productions : les vignes sont arrachées au profit d’autres cultures dans un modèle de type huerta (céréales et cultures fruitières et maraichères). Par endroit, les surfaces en vignes ont ainsi été divisées par deux entre 1945 et 2010 (Legouy 2014), occasionnant de profondes restructurations paysagères (Arnal 2013). La seconde option consistait à opérer un virage qualitatif en s’engageant dans une labellisation de la production : les producteurs se sont individualisés et ont cherché à obtenir des appellations (aujourd’hui, 85 % de la production languedocienne est sous AOP). Se faisant, malgré de profondes mutations, le vignoble languedocien donne aujourd’hui des signes de stabilisation, avec le maintien par endroit de ce paysage particulier qui illustre la mise en place d’un système productif agricole spécialisé.

Plaine du Languedoc – Hérault – Coordonnées géographiques : 43.499196 , 3.20509 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Voir une mer de piscines (et les conflits autour de la ressource en eau)

En France, le nombre de piscines a plus que doublé en 15 ans, passant de 708.000 en 2000 à plus de 1,76 million en 20151source : Fédération des Professionnels de la Piscine . L’observation des vues aériennes confirme cette tendance qui illustre les ségrégations sociales et les enjeux autour de la ressource en eau.

On sait qu’un français consomme en moyenne 150 litres d’eau par jour2source : SOeS – SSP-Agreste, enquête eau 2008 : soit 55 000 litres par an. Ces 55 mᶾ (=55 000 litres) peuvent être rapportés au volume d’une piscine olympique (2500 mᶾ minimum) : ainsi, 45 français consomment l’équivalent d’une piscine olympique d’eau par an. Cependant, si on rapporte ce chiffre moyen au volume d’une piscine privée individuelle3même si la tendance est la baisse, la taille moyenne est de 8m x 4m x 1,6m selon la FFP qui est de 52 mᶾ, celui-ci est presque égal à la consommation d’eau moyenne d’une personne.

Certes les tensions croissantes autour de la ressource en eau sont aussi liées aux activités productives, mais l’usage domestique de l’eau pour les piscines individuelles est devenu une problématique dotée d’une forte charge symbolique, car elle illustre les conflits d’usage et les inégalités sociales autour d’une ressource fortement convoitée. Ces inégalités sont par exemple très fortes à l’échelle internationale : ainsi dans 19 pays du monde, la consommation domestique par jour et par personne est inférieure aux 20 litres minimum nécessaire à un être humain pour vivre en répondant à ses besoins physiologiques, sanitaires et sociaux4Source : Organisation Mondiale de la Santé ; tandis que dans 38 pays au contraire, elle dépasse 250 litres par jour et par personne (près de 600 litres pour un Nord-Américain). Toutefois, il s’agit là de moyennes nationales et annuelles, qui masquent les inégalités qui apparaissent en changeant d’échelle spatiale et temporelle.

En effet, la consommation d’eau est fortement concentrée dans l’espace et dans le temps. Ainsi, certaines zones comme les régions méditerranéennes ont un bilan hydrique négatif une partie de l’année (avec des précipitations inférieures à l’évaporation entraînant une situation de sécheresse estivale). Or le littoral et l’arrière pays méditerranéens sont très attractifs, notamment l’été, ce qui entraîne une pression démographique supplémentaire sur les ressources en eau (pour alimenter les piscines notamment). Or, c’est aussi à ce moment que la demande de l’agriculture est la plus forte, alors que c’est elle qui façonne une part de l’attractivité paysagère qui fait le succès de ces régions. Cette pression accrue témoigne ainsi des enjeux multiples autour de l’eau, qui est à la fois une ressource, un objet de conflit, et un patrimoine à protéger.

Sainte-Maxime – Var – Coordonnées géographiques : 43.300654 , 6.600605 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Notes

Notes
1 source : Fédération des Professionnels de la Piscine
2 source : SOeS – SSP-Agreste, enquête eau 2008
3 même si la tendance est la baisse, la taille moyenne est de 8m x 4m x 1,6m selon la FFP
4 Source : Organisation Mondiale de la Santé

Voir le risque d’inondation sur un fleuve côtier méditerranéen

anthropositionvalonmidiinindation-3La pression anthropique (vulnérabilité) dans une région où les cours d’eau sont marqués par le régime de la torrentialité (aléa), illustre la question des inondations (risque). La vallée du Var1c’est l’occasion de rappeler que nous sommes ici dans le département des Alpes-Maritimes, le département du Var voisin, est en fait le seul à porter le nom d’un cours d’eau qui ne coule pas sur son territoire, dans la périphérie de la ville de Nice (on note la présence du site du nouveau stade), est par exemple caractérisée par une forte occupation humaine avec la juxtaposition d’activités résidentielles, agricoles, industrielles et tertiaires sur un espace soumis à un risque de crue.

Cette vallée méditerranéenne se situe en effet sur un bassin versant montagnard où les cours d’eau ont un régime très inégal selon les saisons. Malgré sa faible longueur (114 km) le fleuve côtier est en effet marqué par deux étiages, un très bas en été, et l’autre très haut en hiver lorsqu’il grossit à mesure que la neige fond au printemps, et à nouveau à l’automne lorsqu’il reçoit les précipitations abondantes qui ruissellent après les orages. Cet aléa climatique (= probabilité d’un événement dangereux et inhabituel) rencontre ici une vulnérabilité accrue (= exposition des sociétés humaines à un aléa), puisque la vallée du fleuve est très largement anthropisée. Cet ensemble (aléa + vulnérabilité) constitue un risque d’inondation dont la réalisation (= catastrophe) est malheureusement récurrente. La crue exceptionnelle de 1994 reste l’une des plus spectaculaires, mais les inondations dans le Var (sur les différents fleuves côtiers) se répètent : juin 2010 et novembre 2011 sur l’Argens, janvier 2014 sur le Gapeau (etc.).

Schéma tiré de notre ouvrage : Bouron/Georges, 2015, Les territoires ruraux en France, p 209.

Face à ce risque, la réponse des société a longtemps été de chercher à limiter l’aléa en aménageant le lit du fleuve pour éviter les crues. On voit ici que de petites digues le long des deux routes qui entourent le fleuve permettent d’éviter le débordement du Var dans les plaines qui longent son lit, mais les rives sont régulièrement érodées. Aujourd’hui, la prévention s’oriente plutôt vers un ensemble de mesures visant à limiter la vulnérabilité. Aussi, les communes concernées appliquent un Plan de Prévention des Risques (PPR). Ce document, établi à l’échelle des communes en association avec les services de l’État, permet de cartographier les espaces sensibles afin d’orienter les politiques d’aménagement de la commune, et en particulier les zones à urbaniser… et surtout celles à ne pas urbaniser.

St-Isidore – Vallée du Var -Coordonnées géographiques : 43.710796 , 7.185788 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Notes

Notes
1 c’est l’occasion de rappeler que nous sommes ici dans le département des Alpes-Maritimes, le département du Var voisin, est en fait le seul à porter le nom d’un cours d’eau qui ne coule pas sur son territoire

Voir une ville fortifiée par Vauban : Neuf Brisach

Neuf Brisach fait partie des douze sites inscrits dans le Réseau des sites majeurs Vauban créé en 2005 et classé sur la liste du patrimoine de l’humanité de l’Unesco. Il s’agit de l’un des projets les plus aboutis de Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, ingénieur militaire et ministre de Louis XIV. La ville, fondée en 1697, se surimpose à la trame agricole préexistante. En effet, comme son nom l’indique, il s’agissait alors d’une création ex-nihilo destinée à compenser la perte du Vieux-Brisach, aujourd’hui Breisach am Rhein en Bade-Wurtemberg, situé juste de l’autre côté du Rhin devenu frontière. L’image laisse très bien voir le plan d’une ville nouvelle néoclassique, avec la place d’arme au centre d’une trame viaire orthogonale. La forme générale est celle d’un octogone entouré par plusieurs lignes de fortifications alternant remparts, fossés et glacis. Leur forme caractéristique permet aux défenseurs de pouvoir atteindre n’importe quel attaquant sans angle mort, tout en offrant peu de prise à l’artillerie. La couleur rose dominante et visible sur l’image est celle du grès rose descendu des Vosges jusqu’à la plaine du Rhin, un fossé d’effondrement tectonique.

Neuf-Brisach – Haut-Rhin – Coordonnées géographiques : 48° 01′ 08″ nord,7° 31′ 45″ est – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Voir une côte vaseuse (slikke et schorre de la baie de Somme)

La baie de Somme est aujourd’hui reconnue sur le plan international pour sa richesse écologique. Comme d’autres milieux humides, c’est suite à la médiatisation des menaces d’extinction pesant sur de nombreuses espèces, qu’elle a fait l’objet d’une attention renouvelée, d’abord par les scientifiques, puis par le grand public, grâce à la médiation culturelle.

On insiste en effet aujourd’hui sur la fonctionnalité écologique et paysagère particulière de cette côte vaseuse. L’imbrication du domaine terrestre et aquatique dans ce marais littoral est caractérisée la slikke (vasière des littoraux recouverte quotidiennement d’eau salée) et le schorre ou “mollières” (milieu saumâtre recouvert lors des grandes marées, où pousse une végétation halophile – adaptée aux milieux salés) qui constituent des écosystèmes d’une grande diversité.

La baie de Somme est considérée comme un haut lieu ornithologique ; mais l’élevage y est aussi valorisé, puisque le goût particulier de la chair des moutons broutant dans la baie à marée basse a donné lieu à l’appellation AOC de « prés-salés » de la baie de Somme. Cette diversité des espèces et la labellisation de ses productions favorisent l’émergence des activités de loisirs liées au tourisme vert : pêche, chasse au gibier d’eau, cueillette et découverte de la nature.

Face à cette nouvelle pression anthropique, un arsenal de protection a été déployé pour la sauvegarde de ces milieux humides. La cueillette de salicorne (à titre professionnel et de loisir) est par exemple réglementée par arrêté préfectoral sur cet espace classé réserve naturelle nationale depuis 1994 (3420 hectares classés sur les 70 km² de la baie, soit la moitié). Cette zone humide exceptionnelle est par ailleurs inscrite dans le réseau européen Natura 2000 / Convention de Ramsar1du nom de la ville iranienne où  a été signé en 1971 ce traité international qui vise à inventorier, classer, et sanctuariser les zones humides.

Une utilisation durable de ces milieux passe en effet par la coexistence entre différentes fonctions :  écologique, économique, culturelle, scientifique et récréative. C’est dans ce but, face à sa notoriété croissante, que la baie de Somme a été labellisée “Grand Site de France” en 2011, afin d’obtenir des financements de l’État pour faire des travaux de réhabilitation et de gestion active du paysage, et accueillir durablement des visiteurs dans cet environnement particulier.

Baie de Somme – Manche – Coordonnées géographiques : 50.198372 , 1.648293 – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Notes

Notes
1 du nom de la ville iranienne où  a été signé en 1971 ce traité international qui vise à inventorier, classer, et sanctuariser les zones humides

Voir un site de confluence en fond d’estuaire : l’Entre-deux-Mers

Le nom même de ce site, l’Entre-deux-Mers, témoigne bien de l’imbrication des éléments fluviaux et maritimes, là où confluent deux cours d’eau majeurs à l’échelle française, la Garonne qui vient du sud et la Dordogne venue de l’est. La particularité de cet estuaire est de posséder son propre nom, la Gironde, comme pour affirmer l’égalité des deux cours d’eau avant qu’ils ne se jettent dans l’Atlantique. Le site de confluence est un site contraignant par sa difficulté d’accès : il s’agit d’une presqu’île qu’on ne peut atteindre à pied sec que par un côté. C’est aussi une zone humide constitué de sédiments gorgés d’eaux (comme l’ont appris à leur dépens, dans un espace analogue, les constructeurs du musée des Confluences à Lyon). Ces contraintes ne découragent pas les convoitises et le site a attiré les activités liées à l’industrie pétrolière et gazière, qui profitent de la proximité avec l’approvisionnement par voie maritime. Le pétrole est en partie raffiné et en partie transformé en électricité par une centrale thermique.

On devine bien également les activités agricoles, l’agriculture sur les parcelles les mieux drainées et l’élevage sur les prairies humides ceintes par des haies, tandis que la viticulture est présente sur les pentes les mieux drainées, sur les terrasses surplombant le lit du fleuve, dans la partie sud-ouest de la carte.

Entre-deux-Mers – Gironde – Coordonnées géographiques : 45° 00′ 44″ nord, 0° 31′ 45″ ouest – Source : Géoportail (tous droits réservés)

Les collectivités territoriales et le big-bang intercommunal

Le paysage territorial français est largement chamboulé depuis le 1er janvier 2017 par la mise en application des nouveaux périmètres des intercommunalités. Suite à la loi NOTRe, ce sont en effet près de la moitié (45%) des EPCI à fiscalité propre qui ont évolué (fusion, extension…), afin de tenir l’objectif de réduction de nombre de groupements affiché par l’État (environ – 40%).

Se faisant, c’est tout une nouvelle géographie de la France qui émerge, avec des découpages auxquels nous ne sommes pas encore habitués. Une étude cartographique plus approfondie sera publiée prochainement par l’Association des Maires Ruraux de France1une partie a été publiée dans le numéro de février 2017 du magazine 36000 communes afin de mettre en évidence les enjeux liés à l’administration de ces nouveaux espaces de la vie démocratique. Mais en attendant, à la manière de notre publication à l’occasion de la fusion des régions, nous vous proposons ce « kit de survie » pour identifier les principaux changements, et se repérer dans les différents échelons de l’administration publique territoriale.

Version Noir et Blanc Imprimable

NB : Le sujet étant complexe et l’erreur étant humaine, si vous êtes un(e) spécialiste et que vous repérez une erreur ou une imprécision, n’hésitez pas à nous contacter pour nous le faire savoir !

Version PDF couleur

Version PDF N&BB

 

Notes

Notes
1 une partie a été publiée dans le numéro de février 2017 du magazine 36000 communes

Voir une côte viticole renommée

La photographie aérienne révèle une ligne de faille, matérialisée dans le paysage par un talus marqué qui sépare un plateau, à l’ouest, et la plaine de la Saône, à l’est. Le recul de l’agriculture et l’élevage sur les hauteurs a entraîné l’extension des surfaces forestières. Les grandes cultures, elles, continuent de dominer la plaine, à l’exception de la zone de contact au centre de l’image dans laquelle se déploient les vignobles renommés de Bourgogne. La route qui traverse le centre de l’image du nord au sud a été baptisée la route des Grands Crus, elle sillonne des villages dont les noms sont mondialement connus : Vosne-Romanée au Sud, Vougeot au centre-nord, et en quittant la route vers le nord-ouest, Chambolle-Musigny.

La Romanée est la plus petite AOC viticole française avec 85 ares qui produisent seulement 4 000 bouteilles par an. Pour les plus pressés, l’autoroute A31, visible sur la droite de la photographie, relie Beaune à Dijon puis à l’Europe du Nord.

Vougeot et Vosne-Romanée – Côte-d’Or – Coordonnées géographiques : 47.16553 , 4.953632 – Source : Géoportail (tous droits réservés)