La pointe de Pern, visible ici, est la terre la plus occidentale du territoire français métropolitain. Située sur l’île d’Ouessant, cette côte rocheuse est balayée par des vents et des courants marins puissants, dont témoigne le trait de côte dentelé et marqué par l’érosion. Le phare du Créac’h, visible à l’extrémité nord-est de la photo, est ici particulièrement important, car il guide les navires dans le rail d’Ouessant. Allumé dès 1863, ce phare est en effet un point stratégique de la navigation puisqu’il signale l’entrée dans la Manche ; et signe de son importance, il s’agit du phare le plus puissant d’Europe (le second à l’échelle mondiale).
L’impression tempétueuse visible sur cette photographie aérienne est renforcée par l’image de ces prairies sur des sols exposés au vent et au sel. Face à cette contrainte climatique, les terres cultivées ont quasiment disparu1même si une relance maraichère labellisée tente de se développer au profit d’un élevage résiduel de moutons, lui même en déclin. L’île avait d’ailleurs sa propre race ovine, le mouton d’Ouessant, dont la caractéristique est d’être le plus petit du monde. Mais peu prolifique et peu productive, cette race a été progressivement remplacée sur l’île (la race s’est maintenue dans des usages récréatif et d’agrément).
Cet exemple d’une espèce endémique menacée témoigne des caractéristiques et des contraintes de l’insularité. L’isolement agit en effet à double sens : d’une manière il est une contrainte qui limite le développement du territoire (la discontinuité entre l’île et le continent entraîne par exemple des ruptures de charge pour les marchandises et les personnes), de l’autre, il peut être un atout qui engendre des particularismes locaux, culturels par exemple (la valorisation des ressources locales pouvant devenir un levier de développement économique). Les résidences secondaires, qui comptent pour près de 50 % du parc de logements, sont ainsi à la fois la symptôme d’une contrainte incitant les habitants à quitter leur île, que le résultat d’une valorisation de l’insularité, comme aménité touristique.
Aussi, pour se déplacer, les 800 habitants permanents sont tributaires de l’unique liaison quotidienne assurée en basse saison (2h pour effectuer les 20 km qui séparent l’île du continent). Cet isolement entraine une certaine proximité sociale, qu’une rocambolesque histoire de braquage a récemment illustré.
Île d’Ouessant – Finistère – Coordonnées géographiques : 48.45135 , -5.137997 – Source : Géoportail (tous droits réservés)
Notes
↩1 | même si une relance maraichère labellisée tente de se développer |
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