Le Haut Atlas marocain, du terrain au dessin

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Croquis de la vallée par un élève de CM2

Nous vous avions déjà présenté le travail de Stéphane Bouron, fortuitement homonyme de l’auteur de ces lignes, dans cet article sur le Haut atlas marocain. Cet instituteur en poste à l’école André Malraux de Rabat est retourné sur les lieux au printemps pour étudier plus longuement l’organisation spatiale de cette vallée montagnarde dont le talweg dépasse les 2000 m d’altitude.

C’est l’occasion pour lui de faire de la « vraie » géographie avec des élèves de CM2, comme le montre le bloc-diagramme réalisé par l’un d’eux, ci-dessus, qui pourrait utilement inspirer bien des étudiants… À sa demande, j’ai réalisé à partir des croquis réalisés par Stéphane et sa classe le bloc-diagramme ci-dessous, en couleurs et en noir et blanc.

Oukaimeden2 Oukaimeden-NBLaissons la parole à ces élèves qui sont aujourd’hui1cet aujourd’hui date de 2015 ! en classe de sixième, Lire la suite

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1 cet aujourd’hui date de 2015 !

Une carte de la Tasmanie

tasmanie carteLa carte générale de la Tasmanie, qui a servi de support à la première géodevinette de La Géothèque sur les réseaux sociaux, est une entreprise artistique. Évidemment, le mot est très prétentieux, dans la mesure où prétendre faire de l’art équivaut à revendiquer le statut d’artiste. Je n’en suis pas là du tout. Mais il s’agirait d’art dans la mesure où cette carte est inutile, et ne sert qu’à procurer du plaisir à son auteur et à ses lecteurs ou spectateurs (une carte se lit-elle avant tout, ou se regarde-t-elle plutôt, d’ailleurs ?). Elle est inutile, parce que personne n’a besoin de moi pour se procurer une carte de la Tasmanie, à l’heure de Google Maps. Toutefois, elle met en lumière ce territoire : ce n’est pas parce qu’on peut obtenir la carte de la Tasmanie à tout moment qu’on le fait. J’ai donc voulu forcer à regarder cette carte, à regarder cette Tasmanie. L’idée vient d’un article du Monde qui m’a forcé à jeter un œil sur cette terre méconnue1Je ne retrouve plus le lien.. Tout est fait pour attirer le regard, à commencer par la taille des caractères. Ça a quelque chose de la carte murale, faite pour pénétrer les têtes des enfants de toponymes qu’ils ne devront plus oublier. (Paris, Lille, Haute-Volta, Tananarive). À l’échelle de la Tasmanie, une ville aussi insignifiante que Launceston peut étaler fièrement ses dix lettres. L’autre méthode, un peu violente, pour accrocher le regard, est l’inversion des couleurs. Comme le logo de la Géothèque, le rouge proclame une géographie différente, une géographie qui n’est pas bleue et verte. Le but est aussi de questionner un code bien ancré de la cartographie : les terres sont vertes ou brunes comme la terre ou la végétation qui la recouvre, et les mers en bleu (cyan 15 % en CMJN, pour la plupart de mes cartes). Mais la terre n’est pas que verte, brune et bleue, pas plus que les rivières de la réalité ne sont cyan. Puisque le choix des couleurs est un parti pris, pourquoi ne pas pousser jusqu’au bout en choisissant une autre gamme chromatique ? La Tasmanie, avec sa forme de toison pubienne, comme manifeste d’une géographie charnelle, une géographie « près du corps » ?

La carte ne dit rien d’autre. Elle n’apprend rien sur la Tasmanie, sauf la localisation de quelques lieux habités, des routes et des lacs. Le cartouche permet aussi de la situer par rapport au mainland australien et au port de Melbourne. Comme Rostand le fait dire à Cyrano : « C’est bien plus beau lorsque c’est inutile. »

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1 Je ne retrouve plus le lien.