Cette illustration sur les espaces méditerranéens a été élaborée pour un cours sur les espaces ruraux destiné aux classes préparatoires BCPST (les « agro-véto », rares prépas scientifiques à avoir la chance de faire de la géographie). Le principe est de croiser les données physiques avec les formes d’occupation de l’espace traditionnelles et héritées. Le tout se veut un outil pensé pour installer, en les reliant entre eux de façon dynamique, la plupart des notions et du vocabulaire de base de l’étude des espaces méditerranéens français et européens.
Les phénomènes physiques sont hiérarchisés de la montagne vers le littoral : l’érosion forte et la torrentialité contribuant à alimenter en sédiments les plaines littorales, les vallées fluviales et les deltas. L’occupation traditionnelle rayonne plutôt à partir d’une position médiane entre les littoraux souvent paludéens, soumis aux risques conjugués de la malaria, des attaques ennemies et de la piraterie. Les villages perchés de l’arrière-pays bénéficiaient de la complémentarité des activités et des échanges avec les littoraux portuaires et commerciaux d’un côté, et avec les pâturages d’altitude (estive et transhumance) de l’autre. Les évolutions rapides des campagnes européennes au XXe siècle, et notamment un exode rural souvent plus vigoureux qu’ailleurs, ont eu raison de cette organisation qui n’existe plus que sous forme d’héritages : terrasses abandonnées, refuges et bergeries restaurées, productions alimentaires labellisées, villages patrimonialisés. L’urbanisation est descendue vers la mer selon le modèle en vigueur pendant les trente Glorieuses, sous l’effet du balnéotropisme, du tourisme de masse, et des progrès de la démoustication et du drainage. Les espaces agricoles et pastoraux de en revanche, se sont soit fortement rétractés en montagne : c’est la déprise agricole et rurale (cas du massif des Maures ou de la Corse), soit fortement recomposés en plaine (comme la mer de vignes languedocienne). Dans certains cas, l’imitation du modèle valencien a pu déboucher sur une organisation en huerta (voir ce schéma). La diversité actuelle des activités et des usages (des ressources/de l’espace) débouche sur de nombreux conflits d’usage qui impliquent d’identifier les acteurs se trouvant en concurrence. Le cas le plus fréquent concerne l’usage de la ressource en eau, en particulier pour l’irrigation.
Ce schéma permet ainsi de dégager les grandes thématiques des espaces méditerranéens (il faudrait coupler son étude avec celle de quelques paysages) et peut ensuite déboucher sur une analyse des acteurs en conflit et des ressources qui sont l’objet de ces conflits.