« Au hasard d’une cité idéale, d’une cité idéale au hasard » par Benjamin Fauré.

Le cinéma permet une approche sensible et artistique de l’espace. Plusieurs réalisateurs, dont Eric Rohmer, utilise les territoires dans lesquelles s’implantent leurs films comme une métaphore des relations humaines et des péripéties que vivent les personnages. De ce fait, ils proposent une analyse sur l’espace et la manière dont les acteurs l’habitent et le construisent. Dans l’Ami de mon amie, la mise en scène de la ville participe de la narration et des liens entre les protagonistes. Benjamin Fauré est l’auteur du site La Kinopithèque où l’on peut trouver d’autres analyses en lien avec la géographie, il contribue et coordonne également la revue Zoom Arrière.

Retour sur le film d’Eric Rohmer, L’ami de mon amie (1987).

Ici, Rohmer ne laisse rien au hasard. Tout est réfléchi, soigneusement mis en scène, classé, ordonné : L’ami de mon amie, sixième et dernier volet de la série des Comédies et Proverbes, porte jusque dans son titre à la symétrie contrariée, aux intentions à peine dissimulées, l’idée d’un assemblage quasi géométrique ou mathématique et d’une affinité secrète, non seulement entre les personnes devenue amies, mais également, compte tenu de la géographie du film, entre ces amis et l’espace qu’ils habitent. « C’est un peu ce qui m’a amené à tourner ce film : confronter la vie et l’architecture, les habitudes et l’urbanisme. Il y avait là un vrai sujet de fiction et un enjeu de mise en scène. »1 Éric Rohmer structure joliment son film (et le titre en est le reflet), mais dire qu’il écarte le hasard de sa réflexion serait toutefois mal le connaître.

L’ami de mon amie (1987).

De façon plus aboutie que dans ses précédents films, car plus précis, plus complet dans ses descriptions (me semble-t-il), L’ami de mon amie « assemble » tout d’abord et juxtapose les cheminements sentimentaux de ses personnages aux espaces traversés et parfaitement identifiés. Blanche, fonctionnaire, amoureuse qui n’a pas confiance en elle, sauf à la piscine, tombe sous le charme du bel Alexandre, ingénieur à EDF, toujours en costume et prêt à séduire (« mon champ d’action porte sur l’étendue de la mégapole parisienne »), il apprécie les relations directes et davantage celle qu’il entreprend avec Léa, étudiante en dernière année d’informatique, sûre d’elle, sauf à la piscine, qui recherche un copain plus en accord avec ses goûts que Fabien, véliplanchiste gentil, sincère et rêveur, comme Blanche. À ce rectangle de personnages (Emmanuelle Chaulet, François-Éric Gendron, Sophie Renoir, Éric Viellard), s’ajoute Adrienne (Anne-Laure Meury), future ex-copine (d’Alexandre), amie gênante (de Blanche), qui vient embarrasser de ses remarques les uns et les autres et qui perturbe plus qu’autre chose l’équilibre à trouver entre les quatre premiers (la première fois qu’on la voit, c’est à la piscine où elle est aussitôt poussée dans l’eau par l’un des quatre).

Le film se déroule dans une ville nouvelle de la région parisienne, Cergy-Pontoise.

Après Les nuits de la pleine lune et Marne-la-Vallée en 1984, Éric Rohmer choisit de faire vivre Blanche et ses amis à Cergy-Pontoise. Située à 35 km au nord-ouest de la capitale, la ville nouvelle est le théâtre de vie de toutes ces personnes. Avec d’autres villes (Évry, Sénart, Saint-Quentin-en-Yvelines et Marne-la-Vallée), Cergy-Pontoise avait été pensée pour participer au rééquilibrage urbain de l’Île-de-France et, l’idée ayant été mûrie par la DATAR, son chantier fut mis en œuvre en 1970. Quand Rohmer décida de tourner, un peu plus de quinze ans après, Cergy s’était développée et la commune avait eu le temps d’ajuster ses services aux demandes des populations nouvellement installées. Dans L’ami de mon amie, Blanche et ses amis disposent par conséquent de tout ce dont ils ont besoin, ce que précise bien Alexandre au bistrot quand Blanche lui pose la question :

« Vous vous plaisez à Cergy ?

– Oui, beaucoup. Avec les 15 chaînes de télé, les lacs, les tennis, bientôt le golf, les deux théâtres, on aurait du mal à s’ennuyer. »

Rohmer s’intéresse à de jeunes actifs. Les personnages qu’il invente ont entre vingt et trente ans, habitent et travaillent en ville. Ils sont célibataires ou en couple, mais n’ont pas d’enfant. Ils ne cherchent sur leur lieu de vie ni école, ni crèche, ni services de santé, mais seulement une facilité d’accès à leur lieu de travail, des commerces et des loisirs (pour l’anecdote, la piscine où Blanche donne un cours à Léa est la même que filme par Céline Sciamma trente ans plus tard dans Naissance des pieuvres). Alexandre ajoute : « Ici, je me sens bien plus intégré à l’immensité du Grand Paris que si j’habitais au fin fond du 1er arrondissement. ». Dans le cadre de son travail, Alexandre multiplie les allers-retours entre Paris et Cergy. Il dit passer beaucoup de temps dans les transports en commun, mais ce n’est pas le cas des filles avec qui il discute qui, elles, n’ont besoin de se rendre dans la capitale que plus occasionnellement. D’ailleurs, dans les seules scènes tournées en dehors de Cergy-Pontoise, un vernissage qu’Adrienne propose à Blanche, ainsi qu’un match de tennis à Roland Garros, Rohmer ne filme pas les temps de trajet et donne l’impression d’une quasi immédiateté entre la capitale et la ville nouvelle.

La préfecture du Val d’Oise apparait dès le début du film.

Particulièrement intéressé par la forme urbaine, le cinéaste, qui avait déjà consacré un documentaire à Cergy-Pontoise, Enfance d’une ville (1975), donne une image plutôt positive de ce grand projet d’aménagement et de ce qu’est devenue la ville. Les premiers plans du film sont des paysages du quartier dallé de Cergy-Préfecture. Le titre, « L’ami de mon amie », apparaît sur une vue du bâtiment le plus emblématique, la préfecture du Val-d’Oise, le premier construit de la ville nouvelle et qui a la forme d’une pyramide inversée (on le doit à Henry Bernard, l’architecte de la Maison de Radio France). Les allées et venues dans ce même quartier, ainsi que dans le quartier de la gare sont nombreuses : les quatre compagnons s’y rencontrent, parfois par hasard, entre les commerces et les cafés et le long de l’Axe Majeur qui se poursuit jusqu’au passage de l’horloge géante.

« Ça doit être triste de vivre ici toute seule. »

Ces espaces publics ont tout de la cité idéale telle qu’elle a été pensée à la Renaissance : axe principal, symétrie et harmonie des lieux, lumière… La forme est dictée par la raison et là, plusieurs centres permettent à ses habitants de se croiser et d’échanger. Le pouvoir départemental et le pouvoir municipal qui reviennent à la préfecture et à la mairie, où Blanche travaille, constituent d’ailleurs deux centres distincts (à une heure à pied l’un de l’autre). L’architecture moderne de la cité du Belvédère d’inspiration classique ramène également à la cité idéale. La place des Colonnes où se trouve le Belvédère a été dessiné par Ricardo Bofill. Je ne sais en revanche si les villes pensées par Alberti ou Serlio étaient automnes ou intégrées à un réseau urbain, mais Cergy, nous l’avons dit, sans être tout à fait une ville dortoir, dépend du pôle parisien qu’elle est censée alléger (en habitants et en concentration d’activités…).

Cependant, Rohmer ne fait pas non plus de Cergy une nouvelle Utopia. La grande esplanade du Belvédère traversée par Blanche, quand celle-ci rentre chez elle, paraît bien déserte. Les vues depuis son appartement sur des paysages vides (la place d’un côté) ou lointains (Paris et la Défense de l’autre), ainsi que la discussion entre Blanche et Léa (où pour la première fois elles parlent de leurs déceptions amoureuses et de leurs désaccords) laissent une impression d’insatisfaction. Les dialogues n’apportent pas vraiment de critique de la ville. Les amies s’interrogent brièvement sur le sentiment d’isolation qui naît à habiter seul au sein d’un quartier à peine occupé. Ce sont surtout les images du réalisateur qui donnent à voir la tristesse des lieux et la froideur des formes architecturales2. Pas d’espace vert ici, l’herbe n’a pas encore poussé. Éric Rohmer questionne bien l’échelle humaine de ces quartiers, mais il reste encore difficile de dire si le cinéaste est absolument convaincu par la ville nouvelle ou simplement fasciné par une architecture, certes impressionnante et fonctionnelle, mais au demeurant imparfaite.

Certaines scènes du film ont lieu dans des espaces plus verdoyants, en lien avec la relation qu’entretienne les personnages.

Pour avancer sur ce point, il nous faut poursuivre la description topographique que donne le film. En suivant le couple formé par Blanche et Fabien, il nous semble d’ailleurs déceler un parti pris. En effet, ces jeunes gens tombent amoureux à la périphérie de la ville. Tout d’abord, devenus amis, ils se retrouvent pour faire de la planche à voile sur les étangs de Neuville (le centre nautique date de 1980 mais depuis 2015 la commune a renommé la base de plein air, l’«Île de loisir de Cergy-Pontoise »). Plus Blanche et Fabien se rapprochent, moins les espaces qu’ils fréquentent sont bâtis et bétonnés. La promenade sur les bords de l’Oise est l’occasion de pointer un index sur les espaces identifiés autour de la rivière :

« C’est l’Oise, là-bas, qui se confond avec les arbres. Comme ça, elle tourne dans la petite cuvette, elle passe au pied de là où tu habites.

– Oui, on voit la tour du Belvédère.

– Elle continue, fait le tour en boucle devant Cergy-Préfecture, jusqu’au pied de la tour EDF. »

Cela rappelle Gaspard, dans Conte d’été (1996), qui fait le même geste et décrit le littoral de Dinard avec Margot. Dans L’Ami de mon amie, sur le chemin de hallage, Blanche et Fabien gagnent en intimité. Ils s’embrassent pour la première fois au parc, près des bois, où tout est vert. Le couple se forme ainsi en fréquentant des espaces moins gris et moins centraux. Sur les bords du lac ou près de l’Oise, on pense facilement aux bourgeois et aux ouvriers qui profitent du soleil en bord de Seine sur les toiles impressionnistes de Seurat ou de Renoir. La référence est sous-entendue dans un échange :

« En fait, c’est plutôt un voyage dans le temps que j’ai l’impression de faire. Tu sais, quand les ouvriers allaient pique-niquer au bord de la Seine ou de la Marne. Je pensais que ça n’existait plus.

– Pour la plupart ici, c’est pas des gens de Cergy. Ils viennent des banlieues moches, entassés les uns sur les autres, dans des HLM complètement délabrés. Pour eux ici, c’est un peu comme s’ils allaient au Palais de Versailles. Odeur pour odeur, j’aime mieux celle des merguez que celle de l’essence le dimanche après-midi dans un bouchon… »

Une opposition ville/nature se forme dans le film.

Rohmer associe Blanche et Fabien aux verts paysages alentours, plus « naturels » (malgré toute la fausseté du terme), ce qui pourrait correspondre aussi au tempérament des personnages, à la fois hésitants et tout aussi capables de spontanéité, à l’écoute de leur cœur sans être calculateur, peut-être plus verts en amour que l’autre couple du film. Léa et Alexandre, dont les cœurs ne se trouvent pas non plus de suite, sont plus aguerris dans ce domaine, davantage sûrs d’eux-mêmes en tout cas. À l’opposé de Blanche et Fabien, de leurs atermoiements et de leurs troubles sentimentaux, Léa et Alexandre sont plus « classiques », un peu « vieux jeu » comme le reconnaît Léa (« J’aime qu’on me prenne en charge. […] Quelqu’un de plus vieux me conviendrait mieux. »). Toutefois, ni Léa ni Alexandre n’hésitent quand l’occasion se présente. De plus, le couple se fixe des règles (le « pas avant six mois » notamment) et s’accorde en définitive assez bien à la régularité des lignes du décors urbain. Ils se donnent rendez-vous et se retrouvent au centre (quartier de la gare ou de la préfecture), emplacement qui convient aussi très bien à leur façon d’être, pas toujours discrète. Blanche et Fabien, eux, se trouvent par hasard. Il est l’ami de son amie qu’elle a rencontrée encore une fois par hasard dans un restaurant d’administration. Les occasions en entraînant de nouvelles, les voilà en train de s’embrasser dans l’herbe.

La nature des différents relations amoureuses du film trouve un écho dans les paysages qui entourent les personnages.

Le réalisateur des Métamorphoses du paysage (1964) semblait croire au confort des villes nouvelles, à leur développement et à leur réussite. Pourtant du double panorama qu’il donne, à la fois urbain et amoureux, dans L’ami de mon amie, il ressort une plus grande sympathie pour le couple des rives et donc, si l’on force un peu la prise de position, pour les marges les plus simples de la cité. Dans les herbes plutôt que sur les dalles ? Blanche et Fabien finissent par s’habiller de pulls et de tee-shirt verts après s’être embrassés en jaune et bleu (le jeu sur les couleurs dans le film, assez amusant, ne se limite pas à ces allusions). On pourra toujours arguer que les étangs et les sentiers sont des aménagements comme les autres et qu’ils ont été façonnés en même temps que les autres quartiers de Cergy, il n’en reste pas moins cette impression que Rohmer, après avoir beaucoup arpenté le sol en dur de la ville nouvelle, réserve au couple phare de son film un espace où la part de nature y est plus importante et possiblement avec elle la part du hasard.

Article écrit par Benjamin Fauré, mise en ligne par Léa Glacet

Notes:

  1. Éric Rohmer dans un entretien donné à Libération, 2002 (cité sur ce site personnel consacré au film :  http://lamidemonamie.free.fr/index.html)
  2. En 2013, à propos des villes nouvelles, l’historien Loïc Vadelorge parle d’architecture technocratique, de manque d’âme et de quartiers trop vite dégradé pour lesquels il a fallu, à Cergy-Pontoise et ailleurs, mettre en œuvre des chantiers de rénovation. Voir M.-D. Albert, « Les villes nouvelles ont-elles bien vieilli ? », dans L’Atlas des villes, Le Monde hors-série, p. 140-141. Voir aussi Loïc Vadelorge, Retour sur les villes nouvelles, une histoire urbaine du XXe siècle, Créaphis, 2013.

Petit exercice de géographie prospective: la France de 2020 selon une lycéenne de la région.

Nous sommes aujourd’hui plus proches de 2050 que de 1990. Comment imaginer, conceptualiser, un futur si proche ? Comment les jeunes d’aujourd’hui, les citoyens de 2050, imaginent cette France de demain ?

Clarisse Sanz, lycéenne au lycée Xavier Bichat à Nantua, s’est essayée à cet exercice de géographie prospective et a tenté de réaliser des cartes thématiques de la France de 2050, à travers des domaines majeurs comme l’industrie, le climat, l’agriculture, la population.

« J’ai choisi les thèmes, et mon professeur d’histoire-géographie m’a aidé à les réaliser » explique-t-elle lorsqu’on l’interroge sur l’élaboration de ses cartes. « L’année dernière, le thème de la gazette du lycée était le futur. J’ai alors voulu réaliser des cartes en couleur, et j’ai approfondi le travail après« . La géographie prospective est en effet un très bon exercice pour inciter les élèves ou étudiants à s’approprier les savoirs géographies et de manier différents concepts.

« J’ai utilisé plusieurs sources pour les faire, ainsi que mes connaissances personnelles (…) J’ai mis trois semaines à les faire« . Le langage cartographique, avec ses spécificités, permet résumer efficacement un grand nombre d’informations, dans une logique d’approche globale. Il permet de synthétiser une pensée, une vision de ce futur si proche.

L’enseignement du langage cartographique aux plus jeunes permet non seulement une meilleure compréhension du monde, mais aussi que chaque citoyen puisse développer et résumer efficace sa pensée. Quand celui-ci est utilisé dans un but prospectif, il revêt une véritable dimension politique, puisque chacun peut s’exprimer sur sa vision du pays dans le futur. Lorsqu’on lui demande quelle place pourrait avoir la géographie dans son parcours futur, Clarisse répond « Peut-être professeur d’histoire-géographie« . Un beau projet, avec l’assurance que les élèves de 2050 seront rompus à l’exercice de la cartographie !

Voici le travail cartographique réalisé:

Carte n°1: La population par département

L’épidémie de Covid 19 et le confinement ont questionné beaucoup de géographes sur les dynamiques de peuplement en France. De nombreux Français ont préféré quitter leur lieu de résidence en ville pour un mode de vie rural. Ainsi pourra-t-on encore parler de « diagonale du vide » en 2050 en France ? Cette carte semble remettre cette représentation commune en question. Une lecture plus fine, département par département, amène à une vision plus nuancée des choses. Si certains départements de cette diagonale perdent toujours des habitants, d’autres, par un phénomène de périurbanisation, connaissent un accroissement. Les littoraux ainsi que les grandes villes restent toujours attractifs pour les populations.

Source: Ifé-Lyon

Carte n°2: Les différents climats en France en 2050

L’enjeu majeur autour de ce thème est bien évidemment le changement climatique. Conformément aux prévisions du GIEC, la zone méditerranéenne, avec ses fortes pressions anthropologiques, va connaitre une aridification. Certains territoires autour du Golfe du Lion pourraient ainsi être soumis un climat aride. Le climat méditerranéen va gagner du terrain jusqu’à atteindre la région lyonnaise. D’autres zones particulièrement sensibles au réchauffement climatique, comme les massifs montagneux, pourraient connaitre des changements et voir leur climat montagnard modifié ou disparaître.

Source: Météo-France

Carte n°3: L’agriculture en France en 2050

Le réchauffement climatique n’a pas seulement un impact sur les climats, mais aussi sur l’agriculture. Sur cette carte, le vignoble s’est étendu bien au delà des régions viticoles traditionnelles, au détriment de la céréaliculture. Certains domaines, comme la Champagne, déplacent leur production plus au Nord, comme en Angleterre. On a donc une extension et une recomposition du vignoble français. En parallèle de ce réchauffement climatique qui ne peut plus être ignoré, la tendance de l’agrotourisme et de l’agriculture biologique s’intensifient encore davantage.

Source: données gouvernementales, manuel de Géographie niveau 1ere 2019

Carte n°4: Les espaces industriels en France en 2050

Les récentes dynamiques économiques laissent présager une recomposition du tissu industriel français, avec le déclin de certains pôles de compétitivité et régions industrielles. La tertiarisation de l’économie et la métropolisation croissante accroissent le poids des grandes et moyennes villes.

Source: manuel de Géographie niveau 1er 2019

Des fiches pratiques pour aborder les parcours des réfugiés et des déplacés avec les élèves.

Avec l’aide de la géographe Bénédicte Tratnjek, la Géothèque vous propose deux fiches pratiques sur le thème des migrations et plus spécifiquement le cas des déplacés et des réfugiés.

  • La première fiche concerne les territoires de l’accueil et peut être utile pour aider les élèves à aborder les migrations sous l’angle des parcours individuels.
  • La deuxième propose une mise au point de ces notions à travers le cas de la ville d’Abéché au Tchad.

Ces fiches peuvent être utiles notamment dans le cadre du programme de 4e.

L’Afrique, le continent des problèmes, des possibles, des défis ?

Au programme de Terminale figure un chapitre intitulé « Le continent africain face au développement et à la mondialisation ». Dans ce cadre, les élèves doivent pouvoir réaliser un croquis sur le thème « Le continent africain » : contrastes de développement et inégale intégration dans la mondialisation ». Ce chapitre est intéressant et il oblige à une certaine gymnastique intellectuelle, qui doit montrer l’Afrique comme un continent des possibles, et tordre le cou aux idées reçues, sans tomber dans l’angélisme ou occulter les problèmes bien réels du continent. Les deux croquis suivants sont à la disposition des professeurs et de leurs élèves, avec une version vidéo-projetable et l’autre imprimable et photocopiable à souhait.croquis Couleurs Afrique

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Plan d’Istanbul après la conquête ottomane

Constantinople

Sans commentaire, un plan dont la légende est à faire compléter par les élèves. Il s’agit du plan de Constantinople après la conquête de la ville par le sultan ottoman Mehmet II en 1453.

Les éléments manquants de la légende sont : Remparts de Théodose, églises orthodoxes, Sainte Sophie, ports, quartiers commerçants peuplés par les latins (Vénitiens, Génois…), Grand bazar, palais de Topkapi, anciennes églises orthodoxes transformées en mosquées.

L’organisation des espaces méditerranéens en France

Cette illustration sur les espaces méditerranéens a été élaborée pour un cours sur les espaces ruraux destiné Organisation des espaces méditerranéensaux classes préparatoires BCPST (les « agro-véto », rares prépas scientifiques à avoir la chance de faire de la géographie). Le principe est de croiser les données physiques avec les formes d’occupation de l’espace traditionnelles et héritées. Le tout se veut un outil pensé pour installer, en les reliant entre eux de façon dynamique, la plupart des notions et du vocabulaire de base de l’étude des espaces méditerranéens français et européens. Lire la suite

Le Haut Atlas marocain, du terrain au dessin

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Croquis de la vallée par un élève de CM2

Nous vous avions déjà présenté le travail de Stéphane Bouron, fortuitement homonyme de l’auteur de ces lignes, dans cet article sur le Haut atlas marocain. Cet instituteur en poste à l’école André Malraux de Rabat est retourné sur les lieux au printemps pour étudier plus longuement l’organisation spatiale de cette vallée montagnarde dont le talweg dépasse les 2000 m d’altitude.

C’est l’occasion pour lui de faire de la « vraie » géographie avec des élèves de CM2, comme le montre le bloc-diagramme réalisé par l’un d’eux, ci-dessus, qui pourrait utilement inspirer bien des étudiants… À sa demande, j’ai réalisé à partir des croquis réalisés par Stéphane et sa classe le bloc-diagramme ci-dessous, en couleurs et en noir et blanc.

Oukaimeden2 Oukaimeden-NBLaissons la parole à ces élèves qui sont aujourd’hui1cet aujourd’hui date de 2015 ! en classe de sixième, Lire la suite

Notes

Notes
1 cet aujourd’hui date de 2015 !

Carte : la périurbanisation au sud-est de Paris

Périurbanisation-Sud-Est-de-ParisUne nouvelle carte tirée du Bouron-Georges1Jean-Benoît Bouron, Pierre-Marie Georges, Les territoires ruraux en France, Une géographie des ruralités contemporaines. Ellipses, 456 p., 2015, desservie dans l’ouvrage par la contrainte du noir et blanc. La version couleur conviendra aux professeurs désireux de vidéoprojeter l’image à leurs élèves ou étudiants. Nous ne reviendrons pas ici sur les formes spatiales que prend la périurbanisation à l’échelle de l’agglomération (notons simplement au passage le rôle des forêts domaniales pour ralentir le front d’urbanisation, et inversement le rôle facilitateur du RER D2C’est l’existence d’un direct Paris-Melun qui explique la distance-temps de 35 minutes seulement entre les deux gares alors que des gares plus proches sont à 40 ou 50 minutes de trajet). Cette carte vise à placer dans un contexte plus vaste quatre vignettes représentant la morphologie du bâti, qui sont pour leur part à l’échelle de la carte topographique. Les quatre exemples que nous avons choisi permettent de s’exercer à la lecture des formes du bâti sur les cartes à grande échelle à partir de cas très individualisés. Lire la suite

Notes

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1 Jean-Benoît Bouron, Pierre-Marie Georges, Les territoires ruraux en France, Une géographie des ruralités contemporaines. Ellipses, 456 p., 2015
2 C’est l’existence d’un direct Paris-Melun qui explique la distance-temps de 35 minutes seulement entre les deux gares alors que des gares plus proches sont à 40 ou 50 minutes de trajet

Le casse-tête géographique : cartographier la richesse des nations

Depuis que j’enseigne la mondialisation et la géographie du développement (donc depuis que j’enseigne tout court), je suis confronté à une douloureuse question. Lorsque les élèves ont colorié les pays riches (habituellement les pays de feu le « Nord » moins l’ex-URSS), les pays en transition, les BRICS, les pays ateliers (et/ou leurs acolytes, émergents, exportateurs, pétroliers, etc.) et enfin les déprimants Pays les Moins Avancés, que faire de ce qui reste, des ni producteurs, ni riches, ni moins avancés ?

Comment trouver un classement qui permette de trouver une place à chacun des 193 pays du monde, même une place par défaut ? (193, plus ou moins, selon qu’y figurent le Vatican, la Palestine, etc.). La question n’est pas si épineuse qu’on ne s’y puisse frotter… J’ai donc fouillé Wikipédia à la recherche de classements et de sources fiables pour lesdits classements. Quand je pense que certains enseignants déconseillent à leurs élèves d’utiliser ce formidable outil de connaissance… Wikipédia m’entraîne sur les sites du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OPEP, de la CIA (World facts) et de l’ONU. Précisons qu’il ne s’agit pas ici (bien sûr !) de distribuer des bons points à tel ou tel pays mais de démêler un peu la géographie du monde.

Groupe 1 : Les pays riches Lire la suite

Une carte des paysages français

carte paysages ruraux en france

À l’occasion de la parution des Territoires ruraux en France, publié par deux géothécaires aux éditions Ellipses1Jean-Benoît Bouron et Pierre-Marie Georges, Les territoires ruraux en France, une géographie des ruralités contemporaines, Ellipses, Paris, 454 p., 2015, ISBN 9782340006379. (oui on en parle beaucoup mais c’est parce qu’on est contents !), la Géothèque vous propose la version couleurs d’une carte disponible en noir et blanc dans l’ouvrage. Elle donne à lire la diversité des paysages ruraux français. C’est certes un lieu commun de la géographie française, mais la formule toute faite n’en est pas pour autant dénuée de fondement. C’est d’ailleurs cette diversité à plusieurs échelles qui rend la généralisation particulièrement risquée, et le travail du cartographe périlleux. Ce n’est donc pas sans consentir à de grands sacrifices que nous avons construit cette carte bariolée. Résultat des données très fines de Corine Land Cover, c’est-à-dire de la photo-interprétation d’images satellitaires, elle prend volontairement la modernité à contre-pied en se voulant un hommage aux anciennes cartes murales, dont la mode actuelle reflète un certain engouement pour l’ambiance austère des salles de classe de la IIIe République2Au point de générer des passions et des histoires plus ou moins rocambolesques, comme cette affaire de vol en Alsace.. Lire la suite

Notes

Notes
1 Jean-Benoît Bouron et Pierre-Marie Georges, Les territoires ruraux en France, une géographie des ruralités contemporaines, Ellipses, Paris, 454 p., 2015, ISBN 9782340006379.
2 Au point de générer des passions et des histoires plus ou moins rocambolesques, comme cette affaire de vol en Alsace.

Croquis : Une inégale intégration des territoires dans la mondialisation

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Deux croquis destinés tout particulièrement aux classes de Terminale. Il s’agit en fait du corrigé de l’un des cinq croquis exigibles au baccalauréat en Terminale S, sur le sujet : « Une inégale intégration des territoires dans la mondialisation ». L’objectif est théoriquement pour l’élève de construire le croquis en une grosse heure, ce qui pousse à l’apprentissage par cœur de ces cinq croquis. Il est bien sûr souhaitable de faire construire la carte par les élèves, mais il peut être utile également d’en proposer un corrigé. Ce qui ne doit pas forcément devenir une habitude peut permettre, en début d’année, de montrer l’exemple en posant certains réflexes cartographiques. Cela peut s’appuyer sur une réflexion sur les figurés, par exemple en s’appuyant sur ce document : Lire la suite

Parution du Bouron/Georges : Les territoires ruraux en France

Pour accéder à la fiche du livre sur le site de l’éditeur : cliquez ici ;

Pour lire la recension de l’ouvrage par Catherine Didier-Fevre pour les Clionautes : cliquez ici

Pour lire la recension de l’ouvrage par Xavier Leroux pour les Clionautes : cliquez ici

Pour lire la recension de l’ouvrage dans la revue Population&Avenir : cliquez ici

C’est un tout petit événement dans le monde de l’édition, mais c’est une belle aventure pour deux géothécaires : Jean-Benoît et Pierre-Marie sont heureux de vous annoncer la naissance du Bouron/Georges*, fruit de la rencontre de leurs regards et de leurs connaissances sur les territoires ruraux français. Bref, nous sommes contents !

Jean-Benoît BOURON et Pierre-Marie GEORGES, Les territoires ruraux en France, une géographie des ruralités contemporaines, Ellipses, Paris, 454 p., N°9782340006379, 2015. parution le 8 septembre 2015, 29.00€

Jean-Benoît BOURON et Pierre-Marie GEORGES, Les territoires ruraux en France, une géographie des ruralités contemporaines, Ellipses, Paris, 454 p., N°9782340006379, 2015. parution le 8 septembre 2015, 29.00€

Le livre est publié aux éditions Ellipses, que l’on remercie d’une part pour leur accompagnement et la confiance qu’ils nous ont accordée, en particulier Anne Lacambre, d’autre part pour le beau flyer promotionnel qu’ils ont préparé :

Flyer Bouron-Georges – Les territoires ruraux en France

Aussi, si le visuel de couverture ne suffit pas à vous convaincre de courir l’acheter chez votre libraire préféré, ou ici, ici, ici, ici, ici ou ici…, le descriptif de la 4ème de couverture aide à préciser les contours de l’ouvrage :

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Fonds de carte de la région Auvergne-Rhône-Alpes

région-auvergne-rhône-alpes region auvergne rhone alpes carte muette

Ces deux documents sont appelés à être modifiés dans l’avenir, mais il a paru utile de les publier dès aujourd’hui pour répondre à l’insoutenable dilemme des Auvergnalpins en recherche de fonds de carte pour colorier les 13 départements de leur nouvelle grande région. Le suspense reste entier concernant les noms, tant de notre région que de ses voisines. Allons-nous succomber à la manie des sigles et visiter la place des Quinconces en ALPC et celle du capitole en LRMP ? Allons nous jouer au jeu des acronymes et visiter le Futuroscope en région Alicha, ou le salon littéraire de Lodève en Mipilarou ? Une chose est sûre, en attendant que Clermont-en-Bresse devienne le chef lieu de la Drôme-et-Loire, les cartographes vont continuer à avoir du pain sur la planche. Les professeurs des classes de 3e, pour l’instant, peuvent garder leurs fonds de cartes hérités de la loi Defferre, le Diplôme National du Brevet 2016 conserve l’ancienne carte des régions, en attendant d’y voir plus clair.

EDIT : Finalement, c’est bien Auvergne-Rhône-Alpes (parfois abrégée en AURA) qui a été retenu. Le gentilé, lui, n’est pas encore officiel à ce jour.

Carte : l’habitation coloniale Bois-Debout en Guadeloupe

L’illustration ci-dessous est la version couleurs d’une image publiée dans JB Bouron, PM Georges, Les territoires ruraux en France, Ellipses, 2015, à paraître le 8 septembre 2015.
Plan de l'habitation Bois-Debout à Capesterre (Guadeloupe)

L’habitation coloniale n’est pas seulement le bâtiment hérité de la période coloniale, mais aussi et surtout une exploitation agricole fondée sur l’esclavage. Elle est donc à la fois une forme de bâti, un système agraire esclavagiste, et aujourd’hui une structure d’exploitation héritée. La maison des maîtres est généralement placée sur une petite hauteur en retrait du littoral de manière à éviter les tempêtes littorales, à profiter d’un air plus frais, et sert probablement à garder un point de vue panoramique sur des cultures atteignant une certaine hauteur comme la canne à sucre. La canne, en de nombreuses parties des Antilles, a aujourd’hui laissé la place à la banane. Mais de plus en plus souvent, elle est réintroduite en rotation, tant on sait que le bananier est une culture fragilisante pour l’équilibre des sols, notamment en monoculture intensive.

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La filière pomme de terre en France

Une image, pour teaser (pardon, il faut dire aguicher, pour respecter les recommandations officielles de la Commission de terminologie et de néologie1Teasing dans Wikipédia) la parution prochaine d’un ouvrage publié par deux membres de la Géothèque2J-B Bouron et P-M Georges, Les territoires ruraux en France, Géographie des ruralités contemporaines, Paris : éditions Ellipses. 450 p. parution prévue 8 septembre 2015.. Une carte des patates, pour faire court.

Production pommes de terre France

La pomme de terre est restée inconnue des Européens jusqu’à la découverte du continent américain et son exploration à partir du XVIe siècle. Sa rusticité, son rendement élevé et sa capacité à se développer dans des conditions climatiques et édaphiques extrêmes en avaient fait la base de l’alimentation des peuples andins. La pomme de terre fut rapidement adoptée par les habitants du vieux continents pour lesquels elle représentait une arme efficace contre les famines récurrentes. Elle devint pratiquement le légume national de l’Irlande, et les Français, quoique fort réticents jusqu’aux manœuvres astucieuses du baron Parmentier, finirent par chercher tous les moyens de l’accommoder. Ils lui choisirent un autre nom que celui de patate (en espagnol, italien, anglais, etc.) et la baptisèrent « pomme de terre », « pomme » signifiant « fruit ». La pomme de terre reste encore la base de l’alimentation dans de nombreux pays du monde et l’ONU a déclaré l’année 2008 année internationale de la pomme de terre en raisons des services rendus par ce tubercule.

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Notes

Notes
1 Teasing dans Wikipédia
2 J-B Bouron et P-M Georges, Les territoires ruraux en France, Géographie des ruralités contemporaines, Paris : éditions Ellipses. 450 p. parution prévue 8 septembre 2015.

Mondes arctiques, fond de carte muet en projection polaire

Les mondes arctiques sont au centre de plusieurs enjeux. Cette notion d’enjeu est difficile à comprendre pour les élèves, alors qu’elle est mobilisée de façon permanente par les discours scientifiques, dans les manuels, et les documents. Il s’agit tout simplement d’analyser ce qui est « en jeu » : ce qu’il y a à gagner et ce qu’il y a à perdre. Analyser les enjeux c’est analyser les perdants et les gagnants (les peuples premiers ? Les entreprises pétrolières et de transport ?) et ce qu’il y a à gagner ou à perdre collectivement pour l’humanité, c’est-à-dire les défis à relever, économiques, sociaux, et environnementaux. L’Arctique est une bonne clé pour comprendre le principe du développement durable (penser global, agir local) et pour montrer que les impacts du réchauffement climatique ne sont pas négatifs pour tout le monde. Ce chapitre offre un bon entraînement au croquis de synthèse du baccalauréat parce qu’il est le seul du programme à ne pas porter sur l’échelle mondiale, difficile à mettre en cartes. Avec l’Arctique au contraire, la relative unité de lieu facilite les typologies, et cela permet également de se familiariser avec une projection polaire. Pour croquis de synthèse classe de 2nde

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Carte : la France à grande vitesse

Depuis la première version de cette carte en 2008, la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Dijon-Mulhouse a été achevée sur une grande partie de son tracé. La France des LGV est une France est inégalités et de l’effet-tunnel. Rares sont les métropoles dotées de la LGV, et l’axe central Nord-Sud relie les quatre premières unités urbaines du pays : Lille, Paris, Lyon et Marseille. Si des villes moyennes comme Le Mans, Reims, Tours ou Valence ont profité d’un relatif »effet TGV » et des fameux navetteurs qui s’installent dans ces villes pour travailler dans des métropoles lointaines, d’autres grandes villes comme Bordeaux, Toulouse et Nice sont encore à l’écart de la France à grande vitesse. Dans ces trois villes, c’est l’aéroport qui assure une liaison rapide avec la capitale. La ligne Tours-Bordeaux est prévue pour 2017. Ailleurs, c’est l’effet tunnel qui domine : la ligne TGV crée une coupure dans les territoires locaux sans participer à leur dynamisme, en particulier dans le cas de gares construites en rase campagne comme la « gare des betteraves » en Picardie.

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